Si ce n'est pas le cas c'est l'acronyme de FĂ©dĂ©ration Française des VĂ©hicules d'Ăpoque et c'est tout simplement l'organe qui regroupe les diffĂ©rents acteurs du monde des vĂ©hicules anciens. Depuis 2019 c'est Jean-Louis Blanc qui en est le prĂ©sident.
Pour beaucoup la FFVE se limite à l'organe qui délivre les attestations permettant d'obtenir le Certificat d'Immatriculation de Collection. Mais la FFVE a bien d'autres activités et d'autres réflexions. C'est pour cela qu'on s'est dit qu'en parler avec son président permettrait d'y voir plus clair.
NA : Avant de parler de la FFVE, pour ceux qui ne vous connaĂźtrait pas, quel est votre parcours Ă vous de collectionneur ?
Jean-Louis Blanc : J'ai commencé en 1990, j'avais 30 ans. J'ai toujours eu que des voitures des années 60. J'ai commencé par un cabriolet Fiat 1500, que je regrette toujours, une Facel Vega FV III, puis une Alfa Giulia Spider, une Mercedes 230 SL, une Pagode, et une R8 Gordini 1300. Je n'ai jamais eu d'anglaises. C'est assez éclectique mais tout ça c'est entre 1964 et 1969.
NA : Et beaucoup de cabriolet...
JLB : Oui ! C'est moitié-moitié (rires). Là ce sont des voitures de route mais j'ai surtout fait beaucoup de rallyes de régularité et j'en ai organisé. J'ai créé le Cévennes LozÚre Historique qui a duré 5 ans. J'ai aussi créé les Boucles de Loire, là aussi 5 années de suite.
Et puis j'ai crĂ©Ă© le TrophĂ©e Historique des RĂ©gions. Un rassemblement de rallye de mĂȘme qualitĂ©, qui marche toujours et pour lequel j'ai laissĂ© la prĂ©sidence Ă Yvan Gascoin qui est un des Vice-PrĂ©sident de la FĂ©dĂ©ration et qui s'en occupe trĂšs bien. Donc j'Ă©tais surtout organisateur de rallye de rĂ©gularitĂ©.
NA : C'est par ce biais lĂ que vous ĂȘtes arrivĂ© Ă la FFVE ?
Jean-Louis Blanc : Alors la FFVE j'y suis arrivé par des connaissances qui en faisaient partie et puis j'étais assez proche de Claude Delagneau il y a une vingtaine d'années. Ils sont venus me chercher il y a 2 ans, comme j'étais en retraite, pour me demander si ça m'intéressait et je m'y suis laissé prendre. Et voilà ! (rires)
NA : Jean-Louis Blanc, parlons de la FFVE. Est-ce que vous pouvez nous la présenter à l'instant T ? Est-ce-que en 2020 il y a encore des nouveaux membres pros, clubs, des demandes d'attestation...
JLB : Il y a actuellement 1400 adhĂ©rents clubs. C'est un chiffre qui plafonne, il n'augmente pas beaucoup par rapport aux adhĂ©rents pro qui augmentent rĂ©ellement. Aujourd'hui on reçoit 3 demandes d'adhĂ©sion de pro pour chaque adhĂ©rent club pour vous donner un ordre d'idĂ©e. Ăa montre que le secteur est dynamique. C'est vraiment une filiĂšre active et croissante que nous voyons chez nos adhĂ©rents et c'est frappant. Vous savez le secteur des vĂ©hicules de collections reprĂ©sente 20.000 emplois, c'est 4 milliards d'Euros de chiffre d'affaire et c'est croissant !
On est en train de faire une enquĂȘte socio-Ă©conomique, la mĂȘme qu'il y a 4 ans, et j'ai hĂąte d'avoir les rĂ©sultats qui devraient sortir d'ici la fin de l'annĂ©e. Je pense qu'on va encore mettre en lumiĂšre une belle croissance. C'est vraiment encourageant.
Cette année, malgré la Covid-19, les demandes d'attestations de cartes grises de collections, vous savez qu'on délivre en fait les attestations d'authenticité, continuent de croßtre. C'est un secteur qui se porte trÚs bien.
NA : Quels sont les principaux sujets sur lesquels travaillent la FFVE en ce moment ?
Jean-Louis Blanc : Alors LE sujet c'est la ZFE. Ăa fait un an qu'on travaille dessus. C'est un sujet important et qui va durer 2 ans car on doit voir les mĂ©tropoles les unes aprĂšs les autres et tacher de recevoir de l'Etat la fameuse vignette qui nous permettrait de nous distinguer des autres voitures. (NDLR : un point sur les ZFE et les actions de la FFVE par ici)
On a beaucoup d'autres activités, d'abord la délivrance des attestations pour laquelle on a réussi à réduire les délais. Vous savez notre exercice se termine le 31 Octobre, on devrait terminer notre exercice avec une quinzaine de jours de délai de traitement pour les particuliers et quasiment aucun pour les professionnels. C'est vraiment un gros progrÚs par rapport à la situation que l'on a connu il y a 2 ans.
Nous avons aussi des programmes qui sont des actions que nous avons imaginĂ© en interne mais qui ont Ă©tĂ© impactĂ©es par la Covid-19. Ces programmes qui sont au nombre de 6, auraient dĂ» ĂȘtre dĂ©ployĂ©s durant l'annĂ©e.
Le premier tourne autour du patrimoine. On a dĂ©cidĂ© d'ĂȘtre partenaire des JournĂ©es EuropĂ©ennes du Patrimoine avec le MinistĂšre de la Culture et nous devions avoir une exposition de voitures anciennes dans les plus beaux monuments de France, privĂ©s ou public. Tout cela devait ĂȘtre organisĂ© avec les DRAC et nos dĂ©lĂ©guĂ©s rĂ©gionaux. Finalement il n'y a eu que 13 Ă©vĂ©nements Ă cause du covid dont un trĂšs important au Palais Royal, sous les fenĂȘtres du MinistĂšre de la Culture avec la prĂ©sence de la Ministre Roselyne Bachelot qui nous a fait l'amabilitĂ© de venir Ă l'exposition.
Elle était trÚs curieuse, elle a demandé un commentaire sur chacune des voitures exposées. Elle a pris le temps de nous visiter dans les jardins du Palais Royal et c'est une orientation trÚs forte de la politique de la FFVE d'aller vers la défense du patrimoine. Mais c'est un patrimoine qui roule alors il faut qu'il roule !
La 2Ăšme chose c'est l'histoire, on a montĂ© une opĂ©ration « Les lieux de l'Histoire Automobile ». On va cĂ©lĂ©brer tous les lieux dans la somptueuse histoire automobile française. Il y a 100 ans d'histoire dans nos vĂ©hicules d'Ă©poque (la voiture Ă 130 ans) et nous les cĂ©lĂ©brons on mettant des plaques lĂ ou il y a eu un Ă©vĂ©nement remarquable. J'ai envoyĂ© Ă tous nos clubs un formulaire pour soumettre des propositions et nous avons eu un retour de 250 projets de plaque ! La 1premiĂšre a Ă©tĂ© posĂ©e Ă Avignon juste avant le confinement et ça c'est arrĂȘtĂ©.
On a repris en septembre, on a en mis 4-5, dont une à La Remise c'est un restaurant qui sert de relai au Rallye Monte-Carlo. L'histoire est formidable, on a eu Jean Todt qui est venu, du beau monde vraiment, pour célébrer ce lieu de passage mythique et historique du Rallye Monte-Carlo et qui l'est toujours. On va poser entre 30 et 50 plaques par an dans les lieux mythique de l'histoire de l'automobile.
Le 3eme programme c'est pour montrer qu'on est pas des « sauvages » : pour chaque attestation authenticitĂ© dĂ©livrĂ©e nous planterons un arbre. Nous collaborons avec Fransylva qui est la FĂ©dĂ©ration des Syndicats des Forestiers PrivĂ©s qui nous cite un certain nombre de lieux oĂč la foret ne repoussera pas sans l'aide de l'homme. On va planter 30 000 arbres en France. On choisit avec le propriĂ©taire les lieux oĂč planter l'arbre qui sera signalĂ© avec une plaque verte qui dira que cet arbre a Ă©tĂ© plantĂ© grĂące Ă l'aide des collectionneurs français.
Le 4 Úme programme est un programme de formation. Les garagistes et restaurateurs ont de plus en plus de mal à trouver des spécialistes quand ils ont en besoin. On a fait un partenariat avec le CNPA ; Conseil National des Professions de l'Automobile ; qui gÚre les fonds de formations dans le secteur de l'automobile. On a décidé de créer dans 12 sites en France des centres de formation dans la carrosserie, la tÎlerie et mécanique ancienne qui délivreront des certificats de qualification professionnelle. à cause du Covid, nous n'avons pu en ouvrir que quatre pour l'instant. Nous avons pour l'instant qu'une vingtaine de stagiaires mais nous espérerons en avoir une cinquantaine une fois le projet abouti. Tous ces projet sont gérés par un administrateur bénévole.
NA : Je voulais Ă©voquer avec vous un programme en particulier, vous ĂȘtes impliquĂ© dans l'hybridation d'une vĂ©hicule rĂ©cemment et...
Jean-Louis Blanc : Ah non ! Ce que nous avons fait c'est un groupe de travail sur le véhicule d'époque et la transition écologique. Nous avons examiné tous ce qui se passe et on a des propositions qui vont en sortir. Nous attendons de les proposer à notre Conseil d'Administration et c'est ce conseil qui décide de les lancer ou non.
NA : Et du coup votre avis sur le retrofit ?
JLB : Ce n'est pas dans notre paroisse. Ce n'est pas une voiture d'Ă©poque. Une voiture d'Ă©poque est une voiture conservĂ©e au plus prĂšs de sa configuration d'origine et qui est en trĂšs bon Ă©tat. Ceux qui souhaitent retrofiter, je ne suis ni contre ni pour... mais ce ne sont plus des vĂ©hicules d'Ă©poque. Ils ne relĂšvent plus de la FĂ©dĂ©ration Française des VĂ©hicules d'Ăpoque.
NA : Comment voyez vous l'avenir des anciennes si les énergies fossile disparaissent ou viennent à se raréfier ?
Jean-Louis Blanc : Je ne sais pas. Je crois que c'est quand mĂȘme pas pour demain. Je crois qu'il y a dans la mĂ©canique ancienne beaucoup d'amĂ©liorations Ă apporter pour pouvoir rĂ©duire la pollution produite par nos voitures. Tout ça est quand mĂȘme assez marginal. Nous roulons 15 fois moins que les voitures modernes. La pollution liĂ©e Ă nos vĂ©hicules anciens n'est pas mesurable. Et nous interdire de rouler ne fera rien sur la qualitĂ© de l'air. Ce qui est important c'est le patrimoine.
NA : Jean-Louis Blanc on voudrait revenir sur le Certificat d'Immatriculation de Collection. Vous citez, à propos des ZFE, le modÚle allemand avec des plaques uniformisées. Est-ce un point sur lequel la FFVE travaille ?
JLB : Absolument. On est dessus. On est trĂšs actif dessus. On est persuadĂ© qu'il faut possĂ©der une vignette pour nos vĂ©hicules d'Ă©poque. Sans cela ça va ĂȘtre une source de complications dans l'application des rĂšgles, qui peut ĂȘtre variable d'une rĂ©gion Ă l'autre. Ăa va ĂȘtre kafkaĂŻen. Donc il va falloir une vignette qui distingue les vĂ©hicules d'Ă©poque des autres. C'est notre position trĂšs claire et unanime.
NA : Une question d'avenir maintenant. Comment pensez-vous attirer les jeunes vers la collection ?
Jean-Louis Blanc : C'est un sujet sur lequel nous avons un groupe de travail dĂ©diĂ©. D'ici la fin de l'annĂ©e, dĂ©but de l'annĂ©e prochaine nous proposerons des idĂ©es. C'est un sujet trĂšs important. Ce qui est frappant lors d'Ă©vĂ©nements, c'est que nous remarquons que se sont souvent les jeunes femmes qui s'arrĂȘtent pour prendre des photos. Il y a beaucoup Ă faire sur cette catĂ©gorie d'amateurs.
Les jeunes urbains cÎtoient moins souvent que nous les véhicules d'époques et je pense sincÚrement que lorsqu'ils le pourront, ils décideront de s'acheter une voiture ils se tourneront vers la voiture ancienne, pour son originalité et sa beauté.
NA : Encore par rapport aux jeunes et leur place dans la collection, est ce que le fonctionnement des clubs doit aussi Ă©voluer ?
Jean-Louis Blanc : Je le crois. Vous savez nous sommes une fédération de club et je crois qu'il y a beaucoup à faire et il faut nous mettre aux goûts du jour. Je ne peux pas anticiper sur ce que seront les idées du groupe mais il y aura des idées dessus.
NA : Pour terminer Jean-Louis Blanc, quelle est votre vision de l'année 2020 dans le monde du véhicule ancien qui a été fortement perturber par le Covid ? Y a-t-il du positif à ressortir dans ce que vous avez vu ?
JLB : Le positif c'est que dĂšs que nous avons pu mettre notre nez dehors, paf, nos Ă©vĂ©nements sont sortis. On a quand mĂȘme lancĂ© la JournĂ©e Nationale des VĂ©hicules d'Ăpoque de façon virtuelle. Ce qui fut quand mĂȘme un bol d'air important.
Les manifestations qui ont pu avoir lieu ont eu beaucoup de succÚs. Je crois que la passion est là et qu'elle demande à repartir vite. Les programmes que nous avions prévu cette année, cela aurait été formidable de tous les lancer...
Il y a un sujet qui me tient Ă cĆur, et que je n'ai pas encore abordĂ©, ce sont les concours d'Ă©lĂ©gance. Nous sommes certes 250.000 collectionneurs, mais ils ne faut pas oublier les millions d'amateurs. Nous nous devons de cultiver cette sympathie spontanĂ©e du grand public autour du vĂ©hicule d'Ă©poque. Lorsque les voitures sont arrĂȘtĂ©es, les amateurs peuvent Ă©changer avec le collectionneur c'est un excellent moyen de connexion entre le grand public et la voiture d'Ă©poque, la culture de la collection et l'histoire du vĂ©hicule ancien. Tout est liĂ©. Tout d'abord ça encourage et cĂ©lĂšbre le travail des artisans qui restaurent, entretiennent ces voitures. Ce sont des mĂ©tiers d'art.
C'est pour cela que notre groupe de travail Ă crĂ©er une charte du concours d'Ă©lĂ©gance de la FFVE et nous avons proposĂ© Ă certains Ă©vĂ©nement de prĂ©parer le concours en se basant sur cette charte. On a eu 20 candidats ! Il y a eu des concours d'Ă©lĂ©gance toute l'annĂ©e, y en a mĂȘme eu 3 dĂ©diĂ©s Ă la moto. On devait en faire 23.
Mais le Covid a vraiment Ă©tĂ© un coup d'arrĂȘt pour nous. Par contre, le nombre d'attestation n'a pas faibli, il a mĂȘme un petit peu augmentĂ© par rapport Ă l'annĂ©e derniĂšre ce qui est encourageant quand mĂȘme.
NA : En 2021 les événements devraient faire le plein !
JLB : J'espĂšre bien ! (rires)
NA : Merci Jean-Louis Blanc
On suivra donc avec attention les prochaines évolutions, que ce soit au niveau des ZFE et du CIC ou simplement les conclusions des différents groupes de travail... mais surtout les actions qui en découleront ! Tout cela sera à suivre sur News d'Anciennes et sur le site de la FFVE.