Les voitures anciennes sont-elles menacées ? Pourront-elles toujours circuler dans 15 ou 20 ans ?

3 Wochen, 3 Tage her - 28 April 2025, gocar
Les voitures anciennes sont-elles menacées ? Pourront-elles toujours circuler dans 15 ou 20 ans ?
La voiture ancienne a-t-elle de l’avenir dans une Europe qui a sonné le glas du moteur thermique ? Quelles sont les perspectives ? Nous avons mené notre enquête…

À moins d’avoir vécu dans une grotte ces dernières années, vous n’êtes pas sans savoir que l’Union européenne a acté la fin de la vente des véhicules thermiques neufs en 2035. Quel est donc l’impact sur la voiture ancienne ? Les acteurs de ce monde sont-ils inquiets ? Les amateurs pourront-ils encore profiter de leurs voitures anciennes bien après 2035 ?

Tout d’abord, faisons un petit point sur ce qui a été acté par l’Europe. Concrètement, à partir de 2035, seuls les modèles « zéro émission » – essentiellement des voitures électriques, même si d’autres formes d’énergie sont tolérées, voire envisagées – seront encore autorisés à la vente sur le marché du neuf. Cette mesure ne signifie donc pas la fin des véhicules thermiques encore en circulation à cette date ! Autrement dit, les automobiles essence ou diesel achetées avant 2035 pourront continuer à rouler légalement au-delà de cette date. Il sera par ailleurs toujours possible d’acheter ou de revendre des voitures d’occasion à moteur thermique après 2035. À première vue, il n’y a donc pas péril en la demeure…

Les véhicules anciens : un impact trop réduit pour justifier une législation ? 
En amont des précédentes élections, la BEHVA (fédération belge des véhicules anciens) a interrogé les partis quant à leurs intentions vis-à-vis des oldtimers. Et tous, à la quasi-unanimité, ont porté un message identique : le statu quo, leur impact étant assez insignifiant. Et les chiffres le prouvent : lorsque l’on considère la pollution des véhicules anciens, on ne se penche principalement que sur la consommation… Et cette dernière est très limitée, vu l’utilisation sporadique qui est faite de ces véhicules : 1000 à 1500 km selon la BEHVA !

Des contraintes accrues pour les véhicules thermiques ?
Si les voitures anciennes ne seront pas bannies, leur usage pourrait néanmoins devenir plus contraignant au fil du temps, notamment d’un point de vue légal. On pense évidemment, et en premier lieu, aux zones à faibles émissions (LEZ) interdisant l’accès aux véhicules les plus polluants. Et il faut bien dire qu’à ce sujet, l’Europe a cruellement manqué à ses devoirs ! Les règles concernant les LEZ ne sont nullement uniformisées à travers les pays.

Pire : elles peuvent parfois varier d’une ville à l’autre au sein d’un même pays ! En Belgique, par exemple, si les ancêtres (véhicules immatriculés avec des plaques O) sont exceptionnellement autorisés à circuler dans les trois LEZ du pays (Gand, Anvers et Bruxelles), les formalités ne sont, pour le moment, pas les mêmes ! En effet, dans les deux villes flamandes, un enregistrement préalable est nécessaire, contrairement à Bruxelles. En France, c’est encore plus absurde : la BEHVA indique ainsi que « 42 villes françaises imposent des LEZ, chacune avec leurs propres dérogations, ce qui nous oblige à contacter chacune de ces villes pour négocier une exemption. Pour l’instant, Lille a déjà répondu favorablement, mais il faut s’inscrire au préalable »…

Les LEZ, une grosse menace pour les véhicules anciens ?
Ces contraintes sont-elles de nature à décourager les collectionneurs ? Emmanuel, collectionneur, nous répond : « Non, car à vrai dire, la plupart des villes européennes veulent chasser un maximum de voitures de leurs rues. Et elles s’y emploient de diverses manières, que ce soit via des aménagements du mobilier urbain, des limitations de vitesse très strictes ou encore ces fameuses LEZ. Il n’est donc plus agréable d’y circuler, que ce soit en voiture moderne ou ancienne. De plus, ce n’est pas le biotope naturel pour un véhicule de collection qui, généralement, ne supporte pas la circulation au ralenti ! Je pense que nous, collectionneurs, ne circulerons plus en ville que lors d’événements spécifiques, comme la fameuse Traversée de Paris qui réunit près de 1000 collectionneurs un dimanche… Évidemment, pour les collectionneurs habitant déjà en ville, c’est une toute autre limonade, mais il y a fort à parier qu’il y aura des exemptions à leur égard… » 

Quid de la disponibilité de l’essence ?
Comme expliqué ci-dessus, les véhicules thermiques pourront donc circuler après 2035. Partant de là, il faudra probablement attendre une dizaine d’années avant que ces véhicules « du quotidien » ne soient remplacés par des modèles électriques. Il y a donc fort à parier que des stations-service continueront à fournir du carburant jusque-là. Certes, elles se feront sans aucun doute de moins en moins nombreuses...

En outre, il est également probable que l’Europe décide de « verdir » les carburants, que ce soit via des taxes supplémentaires sur les carburants fossiles et/ou en imposant un pourcentage relevé de carburants renouvelables. Dans tous les cas, cela signifie des prix à la hausse. Un gros frein pour les amateurs ? Oui et non : une fois de plus, ce faible kilométrage en atténue quelque peu l’impact…

Quelles sont les menaces ?
Pour de nombreux collectionneurs, la vraie menace n’est pas vraiment légale mais… technique ! Quid du savoir-faire ? En 2050, trouvera-t-on encore des mécaniciens capables de synchroniser une rampe de carburateurs ou de former une tôle sur une roue anglaise ? Quid également des pièces détachées et de la qualité de ces dernières, qui laisse de plus en plus à désirer, aux dires de certains professionnels ?

Conclusion
Non, il ne semble pas y avoir péril en la demeure, même si les véhicules anciens devront forcément faire face à un nombre croissant d’obstacles. Des obstacles légaux, les tenant peut-être à l’écart de certaines zones, mais aussi des défis techniques, comme la raréfaction de l’essence (le milieu attend beaucoup des carburants synthétiques !), ainsi que celle, peut-être plus cruciale encore, du savoir-faire… Heureusement, les diverses fédérations européennes protégeant les acteurs du monde de l’oldtimer, se révèlent très proactives sur ces différents sujets.

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