La Peugeot 309 : Une Crise Identitaire Et Un Succès Plus Tard

hace 10 meses - 30 diciembre 2023, News d’Anciennes
La Peugeot 309 : Une Crise Identitaire Et Un Succès Plus Tard
Il n’y a pas que son numéro qui fait de la Peugeot 309 une affranchie au sein des modèles historiques de la marque au Lion. Sa création et ses origines, entre Talbot et Peugeot, sont souvent discutées et remises en question. Initialement prévue pour être badgée Talbot, puis renommée au dernier moment, on va donc démêler pour vous l’histoire de cette 309.

LA RENAISSANCE DE TALBOT : LES ORIGINES DU QUIPROQUO
Si vous vous rendez sur Internet et que vous tapez « Peugeot 309 » dans la barre de recherche, vous allez tomber sur des articles parlant d’une certaine Talbot Arizona. La 309 était initialement prévue pour être vendue par Talbot, mais l’histoire est un peu plus compliquée que ça.

Revenons aux bases et contextualisons. En Juillet 1978, après deux ans de discussions, Chrysler Europe est racheté par PSA. C’est une opération assez étrange car on peut penser que seul Chrysler y gagne, Lee Iacocca à la tête du géant au Pentastar voit bien que l’Europe n’offre pas assez de rentabilité tandis que la branche américaine a besoin de cash. En plus d’une belle somme de cash, Chrysler reçoit des actions PSA.

Mais en fait, PSA avance ses pions. D’un côté on veut anticiper une éventuelle double victoire politique de la gauche qui l’amènerait au pouvoir (législatives de 1978 puis présidentielle de 1981) et qui pourrait pousser l’état à nationaliser les joyaux industriels nationaux. Avec 15% de participation de Chrysler, cela changerait beaucoup de chose. Ensuite, Chrysler Europe propose plusieurs marques, Simca qui ne marche pas trop mal mais aussi Rootes et Sunbeam en Angleterre ou encore Barreiros en Espagne qui, si ces marques sont plus à la peine, possèdent un véritable outil industriel qui peut permettre à PSA de s’implanter plus durablement sur ces marchés… Tout cela alors que le rachat de Citroën n’est pas encore digéré.

Une fois ce nouveau groupe établi, Peugeot est à la recherche d’un nom sous lequel toutes les voitures du groupe seraient vendues. La firme choisit alors le nom Talbot. Cette ancienne marque automobile est disparue en 1958 après avoir été rachetée par Simca. Synonyme de prestige, Peugeot voyait en cette marque les qualités idéales, contrairement au nom Simca qui était mal perçu en Europe d’après PSA. La vente des voitures Talbot devaient permettre à PSA de relancer l’économie de l’entreprise.

Dès 1979, les Chrysler Simca deviennent des Talbot Simca. PSA lance une campagne de pub pour annoncer ce changement de nom et faire comprendre à la clientèle française que le nom Chrysler disparait pour laisser place à une nouvelle ère. Les modèles 1307 et 1308 sont revus et nait alors la Talbot Simca 1510. La première voiture appelée Talbot tout court sera la Talbot Solara. Si c’est un nouveau modèle, elle n’est qu’un dérivé de la 1510. Cela permet à PSA de faire des économies tout en faisant un appel à la clientèle.

Les ventes ne sont pas à la hauteur des espérances de PSA. Les clients s’avèrent être déstabilisés par tout ces changements de nom. Par manque de temps, certaines 1510 vendues sous le nom Talbot étaient encore badgée Simca ou Chrysler, ce qui causait quelques incompréhensions. Le nom Talbot, autrefois associé au prestige, est désormais associé à une marque de voitures moyenne et sans intérêt aux yeux des français. En 3 ans d’existence, les ventes chutent de moitié.

LE PROJET C28, QUI EN ASSUMERA LA PATERNITÉ ?

Je sais, on a toujours pas parlé de la Peugeot 309. Chaque chose en son temps ! Du coup, en 1980, PSA doit sortir une nouvelle voiture qui serait destinée à remplacer la Talbot Simca Horizon. Le prototype Vera+Profil présenté par Peugeot au NEC Motor Show en 1982 annonce déjà la couleur de ce que PSA prépare. C’est alors que nait, au centre Style Talbot, le projet C28. C’est ce projet qui deviendra la Peugeot 309, mais il y a encore un peu de chemin avant ça.

Au début des années 80, l’usine de Poissy, où étaient fabriquées les Talbot Simca, anciennement Chrysler Simca, est fortement sous tension. Les salariés sont inquiétés par le futur trouble de la marque Talbot. Le projet C28 est alors censé être celui qui fera repartir l’usine. Jacques Calvet, lors d’un discours, avance que la prochaine voiture produite sur place sera la Talbot Arizona tandis que Pierre Mauroy, premier ministre, confirme la chose en décembre 1983.

Les fuites dans la presse suivent logiquement le mouvement. En 1985 l’Auto-Journal y va de ses suppositions avec des photos d’un prototype qui est amené à succéder à l’Horizon tout en prenant bien garde de trop s’avancer sur le nom ou même la marque de la future voiture !

Sauf que les mois passent, le projet avance, mais Peugeot décide d’un gros retournement de situation. Talbot va disparaitre, et ne sera plus. C’est en 1986 que Talbot disparait de façon définitive du marché. Le centre Style Talbot se renomme et devient Style Avancé PSA. Reste alors le projet C28, que Peugeot va continuer de développer pendant ce temps. Lorsque Talbot disparait, la ligne et la conception du projet C28 est pratiquement achevé. Peugeot fabrique alors 28 prototypes roulants.

ELLE NAITRA SOUS LE NOM PEUGEOT 309
Dans les années 80, Peugeot est donc assez mal en point. Talbot n’a pas eu le succès escompté, et la marque a besoin d’une voiture pour sauver la marque. Cette dernière, on la connait déjà, ce sera la 205. Oui mais voilà, cela ne suffit pas.

Le projet C28 a représenté un gros investissement. Peugeot décide alors de le sortir, car même si les ventes de la 205 partent bien, cela n’est pas suffisant. Le projet Talbot devient alors officiellement un projet destiné à Peugeot. Une fois que la presse apprend que Peugeot s’apprête à sortir un nouveau modèle, elle s’en donne à coeur joie. Peugeot 300, Peugeot 206, les paris sur le nom de la future lionne sont nombreux. Lorsque Peugeot annonce qu’elle se nommera 309, les règles logique de la marque sont chamboulées et personne ne s’y attendait.

Pourquoi 309 ? C’est assez simple. A l’époque, Peugeot avait mal baptisée les Peugeot 304 et 305. La 305 n’est pas vraiment une voiture de gamme centrale comme le sont les autres 300. Toutefois, PSA souhaitait uniformiser les gammes. On avait alors pensé à 300, mais là encore il n’y aurait pas eu de suite logique. Le nombre 306 serait donc réservé à la prochaine, pour accompagner les futures 206, 406, etc.

Après avoir pensé à 308, la marque de Sochaux décide finalement de prendre 309. Ainsi, Peugeot aurait plus de temps avant de se confronter au problème de la génération du chiffre 9. Celle-ci est d’ailleurs d’actualité et l’on remarquera que le constructeur a tout simplement décidé de proposer de nouvelles versions des « 8 » plutôt que de passer au chiffre 9.

La Peugeot 309 est officiellement lancée le 17 octobre 1985. Entre le bicorps et le tricorps, la 309 est disponible à sa sortie en 4 portes uniquement. Son ADN est perceptible dans sa conception, puisqu’elle reprend beaucoup d’éléments de la 205, de la 305 et même de la Citroën BX ! En terme de gabarit, elle se place légèrement au dessus de la 205, puisqu’elle est plus large de 6cm et plus longue de 5cm. Elle reste une puce par rapport à la 305 qui se veut plus longue de 21cm.

Pour noter les améliorations de notre 309, on peut encore la comparer à la 305. 40% du poids de la caisse est constitué de tôles électrozinguées et galvanisées. C’est la soudure qui permettra aussi à cette dernière d’être plus légère : la 309 n’a nécessité que 2528 points, contre 4020 pour la 305. La petite Peugeot représente donc bien certaines innovations de production pour la marque sochalienne. Son design aussi, même s’il nous parait basique, a été vu pour être plus aérodynamique pour que la voiture consomme moins de carburant.

APRÈS TANT DE PÉRIPÉTIES, LA PEUGEOT 309 TROUVE SON PUBLIC
Lorsqu’elle est lancée sur le marché, la Peugeot 309 n’est donc disponible qu’en 4 portes. A sa sortie, Peugeot propose dans la 309 quatre moteurs différents. Uniquement en essence d’ailleurs, les 2 moins puissants étaient des 1.1L et 1.3L d’origine Simca (le fameux Poissy) tandis que les deux autres étaient des 1.6 et 1.9 Peugeot.

Pour ce qui est des versions, la Peugeot 309 était disponible sous 5 finitions : la version de base, la GL, la GL Profil qui étaient équipés du moteur Poissy puis la GR, la SR et enfin la GT qui elles étaient donc équipées de moteurs XU Peugeot. C’était le cas de beaucoup de Peugeot dans les années 80, la 309 a connu beaucoup de séries spéciales : elles étaient 13 !

En 1986, les moteurs diesel GLD, GRD, et SRD apparaissent dans la gamme. Un an après, Peugeot propose propose une nouvelle carrosserie 3 portes et la Peugeot 309 GTI est aussi lancée pour la première fois. Cette dernière reçoit le XU 1.9 de 130ch que l’on trouvait déjà dans la 205.

En plus d’avoir un moteur un peu plus énervé, la Peugeot 309 GTI avait aussi quelques changement esthétiques. On retrouve quelques liserés rouges sur la sellerie, dont on a changé les sièges pour des sièges « baquets ». Le combiné d’instruments est repris des 205 GTI et le volant se voit frappé des fameuses trois lettres.

A l’extérieur, l’éléments typique que l’on retrouve sont les pare-chocs et les protections latérales habillés d’un insert rouge. Elle bénéficie aussi d’un becquet arrière et de jantes en alliage léger. Faible distinction, mais tout est dans le détail !

1989 : Un restylage bien mérité
Les trois premières années, la marque au Lion a écoulé 800.000 exemplaires de la Peugeot 309. Pour continuer dans cette lancée, Peugeot propose un restylage du modèle en 1989.

Le restylage de la Peugeot 309 est surtout esthétique. La planche de bord est revue pour être un peu plus accueillante, tandis que la calandre à deux barrettes doubles devient une calandre à barrette simple. Les feux arrières sont revus comme sur la 405 et le seuil de coffre est abaissé.

Ici, la différence est notable entre la première et la seconde série de la Peugeot 309, surtout au niveau de la calandre :

Pour le reste, les moteurs sont améliorés et on abandonne les vieux blocs Simca. Le moteur Poissy est donc retiré de la gamme 309. Peugeot propose alors encore de nouveaux modèles, et la 309 est alors disponible dans 21 versions différentes. On retrouvera par exemple des nouvelles SX/XS, tandis que la GT disparait. La gamme s’enrichit aussi avec la 309 GTI16, une version encore plus sportive que la GTI, garnie d’un moteur 16 soupapes de 160ch.

En plus des 309 GTI et 309 GTI16, Peugeot a aussi produit des 309 GTI Turbo, la plus rare version. A la fin des années 80, pour homologuer la 309 Cup qui devait courir dans les coupes de promotion de Peugeot, le constructeur commercialisait une 309 équipé d’un kit « PTS ». Rien à voir avec le département Porsche, ici les initiales signifient Peugeot Talbot Sport. Ce kit consistait à rajouter un Turbo au moteur de la Peugeot 309. A l’époque, la GTI16 n’était pas encore au point et cela permit que le moteur passe de 130 à 165ch. Seuls une dizaine d’exemplaires civils reçoivent ce kit, ce qui en fait donc un modèle extrêmement rare.

Après ce restylage, la Peugeot 309 connaitra un grand succès en Allemagne de l’Est, près de 14.000 unités seront vendues en Allemagne en 1990 ! De manière plus générale, la Peugeot 309 aura encore des évolutions parmi les versions proposées. L’année 92 voit par exemple l’arrivée de l’injection pour les moteurs essence, mais aussi et surtout du catalyseur qui baisseront les GTI et GTI16 à 122 et 148ch.

C’est en 1993 que la production de la 309 s’arrête définitivement pour laisser la place, cette fois, à la 306. Finalement, la Peugeot 309 aura connu un certain succès, puisque la marque aura produit 1.649.177 exemplaires de l’auto.

LA PEUGEOT 309 EN COLLECTION
La Peugeot 309 en collection n’a pas forcément une image très fameuse. Si la GTI a du succès, la plus convoitée reste la GTI 16. Toutefois, cela fait de la Peugeot 309 une voiture à faible coût. Si l’on arrive à passer outre son design parfois un peu repoussant.

Pour parler de côte, en ce qui concerne la Peugeot 309 elle est assez large. Se pose déjà le problème principal qui est que, comme ce n’est pas un modèle extrêmement convoité par rapport à une 205 par exemple, il est parfois difficile d’en trouver en bon état. Elle a tout de même un peu subit le phénomène d’aspiration, puisque la 205 GTI devenue chère, on se rabat alors sur la Peugeot 309.

Les premières versions avec les plus petits moteurs peuvent se trouver à bas coût, entre 1000 et 2000€, tandis qu’une Peugeot 309 GTI ou une GTI16 en bon état peut désormais dépasser les 10.000€ avec un faible kilométrage et un état irréprochable. Il ne faut pas forcément chercher à trouver la moins chère, qui pourra se révéler un nid à problème sur le long terme, et ceci est valable pour toutes les versions de la 309.

Une fois acquise, la Peugeot 309 comme n’importe quelle auto nécessite un entretien régulier. Pour ce modèle, l’entretien est abordable et les pièces sont généralement facile à trouver. C’est l’avantage de se pencher sur un modèle qui a été beaucoup produit. Le problème pourra se poser pour les modèles sportifs, et surtout pour la GTI16, dont les pièces sont plus chères que sur les autres versions. D’ailleurs, gare à l’électronique qui peut se révéler assez peu fiable sur cette dernière.

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