Renault Rodéo (1970-1986) : l’autre reine de l’été, dès 2 500 €

hace 3 años, 4 meses - 13 julio 2021, caradisiac
Renault Rodéo (1970-1986) : l’autre reine de l’été, dès 2 500 €
Réplique de Renault à la Citroën Méhari, la Rodéo ne remportera pas du tout le même succès. Avantage, cette sympathique voiture aussi utilitaire que ludique et adaptée à un usage estival se trouve à un prix très, très inférieur !

Les autos ludiques ne datent pas d’aujourd’hui. Dès 1964, le buggy Meyers Manx donne le ton : sur base de VW Coccinelle, il se destine à être utilisé dans les dunes californiennes et rencontre un grand succès. Citroën n’y reste pas insensible, qui présente en 1968 la Méhari, une 2CV estivale à carrosserie en plastique : c’est un succès !

Renault, qui a les yeux rivés sur marque la firme au double chevron, l’a mauvaise car sa 4L Plein Air, lancée en même temps et elle aussi à visée ludique, ne se vend pas du tout. Alors, une fois de plus, Billancourt va s’inspirer de Javel et lancer le développement d’une auto de loisirs à carrosserie en plastique. Présentée en 1970, elle se nomme Rodéo et se signale par un dessin plutôt curieux. Pas un problème, car sur ce point, la Méhari est encore plus bizarre !

La Renault est fabriquée à Arlanc, dans le Puy-de-Dôme, chez ACL (Ateliers de Constructions du Livradois, dirigés par Raoul Teilhol), qui en a aussi assuré la conception. Elle reçoit non pas le 782 cm3 de la R4 d’alors mais le 845 cm3 de la R6, dégonflé à 27 ch, ce afin d’offrir un couple plus important à bas régime, bien utile en usage tout-chemin. L’auto est convenablement accueillie, mais voilà, son prix n’est pas assez compétitif. En effet, elle réclame un minimum de 10 347 F (11 600 € actuels selon l’Insee), contre 8 400 F à la Méhari, par ailleurs un poil plus rapide (103 km/h contre 97) malgré son petit bicylindre de 602 cm3.

Quatre versions sont proposées : Évasion, sans aucune capote, Chantier, avec une couverture du poste de conduite, Coursière, avec une capote intégrale, Quatre Saisons, avec toit et fermetures des panneaux latéraux. Une variante 4x4 à la transmission développée par Sinpar est même au programme.

Néanmoins, les ventes restent très en deçà de celles de la Citroën. Renault ne baisse pas les bras et dès 1972 propose une version non pas moins onéreuse mais au contraire plus haut de gamme : c’est la Rodéo 6, le chiffre indiquant sa puissance fiscale, en hausse de 2 cv. Pourquoi ? Parce qu’elle accueille le 1 108 cm3 de 47 ch de la Renault 6 TL, ce qui permet à la Rodéo 6 de pointer à 130 km/h.

Cette version se signale par son avant redessiné. De son côté, le 845 grimpe à 34 ch. Ensuite, les évolutions vont se raréfier. En 1979, la Rodéo 6 voit son museau redessiné, intégrant cette fois des projecteurs de R14, tandis que le moteur gonfle à 1 289 cm3, tout en s’en tenant à 45 ch. Ça ne suffit pas pour que la Renault de loisirs connaisse le succès.

Et pourtant ! Raoul Teilhol décide de poursuivre le combat et repense la carrosserie de la Rodéo. En 1981, la Rodéo revient, entièrement redessinée, avec un certain talent. Le moteur redescend à 1 108 cm3, et la puissance à 34 ch, tandis qu’un nouveau procédé de fabrication rend l’auto moins chère à produire. À l’avant, le bouclier englobe les projecteurs, et de gros montants mats habillent la structure tubulaire fixée sur la plateforme.

Les panneaux de carrosserie, vernis eux, sont en polyester et absorbent sans se déformer les petits chocs. À 34 400 F (13 300 € actuels selon l’Insee), elle demeure toutefois plus chère que la Méhari (30 900 F), et même si deux versions sont proposées (Plein Air sans portières, et Quatre Saisons, entièrement couverte) ses ventes ne décollent pas. Résultat, en 1986, cette Renault Rodéo 5 quitte la scène. Depuis 1972, la Rodéo n’a été produite qu’à 55 000 unités, le tiers de la Méhari…

Combien ça coûte ?
Malgré sa rareté et son ludisme, la Rodéo demeure très abordable. On trouve des exemplaires sains dès 2 500 €, et, étrangement, ce prix ne varie guère en fonction de la génération du modèle. Une auto en très bon état sera plutôt à 5 000 €, et un exemplaire impeccable passera les 8 000 €.

Quelle version choisir ?
Pour mieux s’adapter aux conditions de circulation modernes, une Rodéo 5 au minimum semble préférable, car capable de dépasser les 110 km/h. Les différentes variantes de la 6 sont plus à l’aise encore.

Les versions collector
Toutes, si elles sont en parfait état d’origine, ce qui est très rare. La Rodéo 1,3 l plus particulièrement car elle est encore moins courante que les autres.

Que surveiller ?
Techniquement, la Rodéo est une R4, donc elle souffre des mêmes maux. À commencer par une corrosion qui peut sévèrement attaquer le châssis. La direction prend du jeu, les barres de torsion de la suspension fatiguent, l’allumage et la carburation sont à régler régulièrement.

On surveillera aussi l’état du circuit de refroidissement, sinon le joint de culasse risque d’en souffrir. Des soucis classiques qui n’empêchent pas les mécaniques bien entretenues de se montrer très endurantes. Par ailleurs, l’entretien est très facile… Comme sur une 4L !

Le plus gros problème de la Rodéo, c’est le manque de disponibilité des pièces spécifiques, ce qui inclut toute la carrosserie. Les choses s’améliorent car on commence à s’intéresser à ce modèle, mais en attendant, on ne saurait trop conseiller d’acheter une auto complète.

Au volant
J’ai pu rouler dans une Rodéo 6 de 1977 entièrement carrossée. Elle se donne des petits airs de Matra Rancho ainsi habillée, mais dans l’habitacle, on retrouve un univers très 4L. Cela dit, quand on y regarde de plus près, on constate que la pièce qui compose le tableau de bord est spécifique, malgré sa ressemblance avec celui de la R4.

On est plutôt bien installé (donc infiniment mieux que dans une Méhari !), et on trouve vite ses marques. En réalité, la Rodéo se conduit comme celle dont elle dérive : direction précise, boîte agréable à manier, moteur souple. Mieux, celui-ci offre un punch assez supérieur, grâce à ses 45 ch, puissance inconnue sur la 4L.

On n’est évidemment pas aux commandes d’un avion de chasse, mais on peut s’aventurer sans crainte sur les voies rapides. La suspension se montre, en revanche, plus ferme, donc moins confortable. Mais la tenue de route en profiterait plutôt, car la prise de roulis est moins importante ! Pour sa part, le freinage demeure faiblard, mais ce qui retient de rouler vite en Rodéo, ce sont les oreilles. Quelle auto bruyante !

Moteur qui braille, carrosserie qui claque, air qui s’infiltre… Mais, après tout, elle ne se destine ni à la vitesse, ni aux longs trajets. Son truc, c’est de vous véhiculer en vacances, pour humer l’air de la mer ou les parfums de la campagne. Et pour ça, elle est parfaite. Surtout qu’elle consomme peu : 6,5 l/100 km.

L’alternative youngtimer
Teilhol Tangara (1987-1990)

On l’a vu, Teilhol, anciennement ACL, c’est le fabricant de la Rodéo. Après que Renault a arrêté cette dernière, c’est Citroën qui supprime la Méhari de son catalogue, en 1987. Le marché des autos légères, destinées aux loisirs voire aux professionnels, est donc à prendre. Teilhol s’y engouffre, en prenant comme base non pas la 4L mais… la 2CV !

Il présente la Tangara en 1987, dotée du bicylindre de 602 cm3 de la Citroën, et les ventes débutent de façon encourageante. Mais, malgré une version 4x4 au catalogue, elles ne s’envolent pas. Teilhol sort une variante plus puissante animée par le 4-cylindres 1 124 cm3 de l’AX en 1990, mais les banques finissent par lâcher Teilhol qui dépose alors le bilan. 1 300 Tangara ont été produites, dont 47 en 4x4 et 65 avec le 1,1 l… À partit de 6 500 €.

Renault Rodéo 6 1977, la fiche technique

  • Moteur : 4 cylindres en ligne, 1 108 cm3
  • Alimentation : carburateur
  • Suspension : bras superposés, barres de torsion (AV) ; bras tirés, barres de torsion (AR)
  • Transmission : boîte 4 manuelle, traction
  • Puissance : 47 ch à 5 300 tr/mn
  • Couple : 77 Nm à 3 500 tr/mn
  • Poids : 745 kg
  • Vitesse maxi : 130 km/h (donnée constructeur)
  • 0 à 100 km/h : Env. 19 secondes

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