Ces marques oubliées continuent de fasciner les collectionneurs. Pourquoi ?

il y a 1 semaine, 2 jours - 25 Novembre 2025, gocar
Monteverdi High Speed 375 L
Monteverdi High Speed 375 L
Certaines marques ont disparu sans jamais vraiment mourir. Leurs noms continuent de flotter dans les conversations entre passionnés et ils sont souvent accompagnés d’un petit hochement de tête entendu. D’ailleurs, lorsque ces modèles sont proposés aux enchères, les batailles se font toujours très âpres ! Pourquoi ?

Ces marques disparues continuent en effet de déchaîner les passions. Mais pourquoi un collectionneur est-il prêt à payer des fortunes pour un nom qui n’existe plus et qui, bien souvent, n’est reconnu que par un cercle restreint de connaisseurs ?

L’aura du mythe
Ces marques fascinantes ont un point commun : leur histoire dépasse largement leurs caractéristiques techniques. Lorsqu’une marque disparaît, elle cesse d’évoluer, mais elle peut accéder au rang de mythe : ce qui ne bouge plus devient intemporel.

Un exemple parfait ? Duesenberg ! Dans les années 1920 et 30, cette marque américaine symbolisait le luxe démesuré et la puissance. À l’époque, l’expression « It’s a Duesy » signifiait « c’est exceptionnel » ! Il faut dire qu’avec leur carrosserie somptueuse, leur moteur 8 cylindres atteignant parfois 400 chevaux, à une époque où la majorité des voitures peinaient à dépasser les 100 km/h, les Duesenberg étaient perçues comme des monstres sacrés. Aujourd’hui, 90 ans plus tard, l’aura ne s’est pas éteinte, avec des envolées aux enchères dépassant largement le million d’euros. Pas mal pour des voitures d’avant-guerre, un marché supposé au ralenti ! Comment expliquer ces prix ? La rareté, bien entendu, mais aussi le fait que ces véhicules incarnent une certaine idée de la grandeur, celle d’une Amérique qui rêvait sans limite.

En Europe aussi, nous avons connu des histoires similaires : outre Bugatti, Rolls-Royce et Bentley qui existent encore aujourd’hui, Hispano-Suiza, Isotta-Fraschini, Delage ou Lagonda symbolisaient un luxe absolu, artisanal, taillé sur mesure pour les rois et les stars. Aujourd’hui, lors des ventes aux enchères, ces marques déchaînent toutefois moins les passions (à l’exception d’Hispano), sans doute parce qu’elles se partageaient l’exception…

L’ultra-exclusivité
Ce qui peut faire exploser le prix ? Une rareté absolue, surtout lorsqu’elle est assortie d’une histoire peu commune et d’un produit convaincant. Nous avons deux exemples en la matière, de part et d’autre de l’Atlantique.

Retour en Amérique, tout d’abord, pour un symbole de rêve brisé : Tucker. En 1948, Preston Tucker voulait révolutionner l’automobile avec sa Tucker 48, équipée de phares directionnels, de ceintures de sécurité et d’un moteur arrière. Une visionnaire, étouffée par les grands constructeurs, avec à peine 51 exemplaires produits avant la faillite. L’échec fut si spectaculaire qu’il devint une légende, immortalisée par Francis Ford Coppola. Aujourd’hui, chaque Tucker qui refait surface atteint des sommets, frôlant les 2 millions d’euros.

En Italie, au début des années 60, de violentes disputes éclatent au sommet chez Ferrari. De nombreux ingénieurs claquent la porte et fondent leur propre marque automobile, ATS. Sur le papier, tout est là pour convaincre : un V8 maison très poussé en position centrale arrière, un dessin sublime et les meilleurs ingénieurs du monde pour régler tout cela. Ce sera un flop total, ses géniteurs s’étant rapidement détournés du projet… Seuls 12 exemplaires seront produits et aucune vente publique depuis 2009 ! Mais à coup sûr, cette merveille se vendrait à un prix stratosphérique. La rareté ne serait-elle rien sans la tragédie ?

La fierté nationale
Si, avant la Seconde Guerre mondiale, la France était le royaume des marques de luxe, il en fut tout autrement une fois la paix retrouvée ! Oubliées par le plan de relance gouvernemental, les Bugatti, Delahaye, Delage et Talbot-Lago disparurent progressivement dès l’aube des années 50. Pourtant, dans les pays voisins, le genre renaît, avec la Jaguar XK120 outre-Manche et, pire encore, la Mercedes 300 SL et la Ferrari 250 chez les vaincus ! Plusieurs entrepreneurs tenteront de redonner à la France ses lettres de noblesse sur ce marché. Parmi toutes ces tentatives, deux continuent d’alimenter les discussions passionnées, une certaine nostalgie et les prix chez nos voisins du sud : Facel Vega (1954-1964) et, plus près de nous, Venturi, qui vit le jour en 1985.

Cas plus flagrant encore : Monteverdi, qui nous vient d’un pays davantage connu pour ses montagnes, ses chocolats et ses banques : la Suisse ! Peter Monteverdi, son fondateur, était déçu par la qualité des GT italiennes qu’il vendait. Il lança alors sa propre marque et alla chercher de gros V8 outre-Atlantique. Une recette très répandue à l’époque, qui permettait d’offrir des « watts » et de la fiabilité à bon compte ! L’histoire s’est rapidement terminée, mais les modèles sont très courtisés en Suisse et même ailleurs, parce que c’est tellement cool d’avoir une belle GT suisse au nom qui sonne italien !

Un genre perdu
Les roadsters purs et durs et les petites bombinettes légères sont deux genres automobiles qui ont (quasiment) disparu du marché. Les Anglais, avec leurs MG, Triumph et autres Austin-Healey, se sont faits les spécialistes du premier genre, tandis que les Français, avec leurs Peugeot 205 GTI, Renault Clio Williams et autres Citroën Saxo VTS, se sont taillé une belle réputation dans le second.

Bien entendu, il ne s’agit pas d’exclusivités nationales, mais ces formats automobiles sont aujourd’hui soutenus par de nombreux nostalgiques, qui y retrouvent une certaine forme de pureté automobile. L’effet nostalgique fait toutefois perdre des plumes au premier genre et donne un coup de boost au second !

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