Les collectionnables, c’est quoi ?
Ce sont des autos revêtant un intérêt particulier, donc méritant d’être préservées. Pas forcément anciennes, elles existent pourtant en quantité définie, soit parce que le constructeur en a décidé ainsi, soit parce que leur production est arrêtée. Ensuite, elles profitent de particularités qui les rendent spécialement désirables : une motorisation, un châssis, un design, ou un concept. Enfin, elles sont susceptibles de voir leur cote augmenter. Un argument supplémentaire pour les collectionner avant tout le monde !
Pourquoi la Mercedes 250 C-280 CE est-elle collectionnable ?
Associant look traditionnel et technologie moderne pour son époque, la Mercedes W114 propose un parfum très particulier, voire unique. Certes, elle est en collection depuis déjà un certain temps, mais sa cote est restée raisonnable, malgré ses qualités évidentes et l’agrément de ses 6-cylindres. Il est donc temps de se pencher sur cette élégante allemande, pas si courante en excellent état, avant que ses cours ne deviennent inabordables.
C’est une petite révolution qui a lieu chez Mercedes quand est présentée la berline W114-115 en janvier 1968, dite "Strich acht" pour "/8", référence à son année de lancement. Incarnant l’entrée de gamme de la marque à l’étoile, elle introduit pourtant un important élément de modernité : une suspension arrière entièrement indépendante. Auparavant, le train arrière était de type « brisé », doté d’une seule articulation, côté pont, une solution héritée des années 30.
Désormais, il se compose de deux demi-arbres dotés de joints homocinétiques à chaque extrémité, ce qui garantit une bien meilleure géométrie ! Cette avancée s’installe dans une toute nouvelle coque, dotée de zones à déformation programmée, selon l’invention de Béla Barényi, le tout s’habillant d’une carrosserie sobre largement due au designer français Paul Bracq. Celle-ci conserve les projecteurs verticaux caractéristiques des productions Mercedes, mais ce sera la dernière !
En novembre 1968 apparaît le coupé 250 C, doté d’un 6-cylindres 2,5 l à deux carburateurs, développant 130 ch. Plus intéressant, quelques semaines plus tard, ce bloc inaugure chez le constructeur une injection Bosch D-Jetronic, un des premiers systèmes électroniques au monde ! Cette fois, la puissance s’établit à 150 ch, pour une vitesse maxi de 190 km/h. Ce moteur s’associe à une boîte 4, manuelle ou automatique. Le prix est évidemment élevé : 30 500 F quand le coupé 250 CE est commercialisé en 1969, soit 38 400 € actuels. En 1972, le bloc 2,5 l est remplacé par deux 2,8 l.
Un 2 778 cm3 simple arbre de 130 ch, toujours à carbus, s’installe dans la 250 C, alors que la 250 CE cède la place aux 280 C (2 746 cm3 double arbre, 160 ch) et 280 CE (185 ch). Cette dernière pointe à 200 km/h, alors que ces moteurs peuvent s’atteler à une boîte manuelle à cinq rapports. En septembre 1973, les W114-115 sont restylées : gouttières antiprojection, feux arrière striés, rétros extérieurs réglables de l’intérieur, calandre moins haute et plus large, parechocs revus, retrait du cerclo-avertisseur au profit d’un nouveau volant… Techniquement, il n’y a, en revanche, pas d’évolution notable. Le coupé Mercedes W114 termine sa carrière en août 1976, produit à environ 67 000 unités.
Combien ça coûte ?
Un coupé 250 C/CE sain se déniche dès 10 000 €, alors qu’il faut compter 15 000 € pour accéder à un 280. Pour des autos vraiment impeccables et bien optionnées, n’hésitez pas à rajouter 5 000 €, tant toute réparation s’avère chère sur ces autos.
Quelle version choisir ?
La plus désirable sera la 280 CE, en raison de ses performances, mais la 250 CE, moins chère et déjà rapide, réalise un bon compromis.
Les versions collector
Tous ces coupés sont collector, à condition de se trouver en parfait état. Surtout les 280 d’avant restylage, de par leur rareté (produits durant un an seulement).
Que surveiller ?
Soigneusement mis au point et rigoureusement construits, ces coupés se révèlent très, très robustes d’un point de vue mécanique. Ils se contentent de vérifications classiques (fumées à l’échappement, fuites), et d’une surveillance des chaînes de distribution passé 100 000 km. La boîte auto demande à être vidangée régulièrement pour durer longtemps, et les carburateurs Zenith s’avèrent difficiles à régler. Dans l’habitacle, la montre tombe régulièrement en panne, la coiffe du tableau de bord se craquèle et surtout, le ventilateur de chauffage s’avère extrêmement difficile à changer. Rien de très méchant.
En revanche, la rouille peut faire des dégâts considérables : tours de projecteurs, bas de caisse, planchers, ailes et passages de roue sont des points particulièrement sensibles : c’est là la principale cause de disparition de ces Mercedes. Dommage, car en réseau, on trouve presque tout ce qu’il faut pour les entretenir et les réparer, mais au prix fort, bien entendu.
Sur la route
Sobre et élégante, la Mercedes 250 C 2,8 l évite tout excès esthétique. Rien à voir avec les Mercedes actuelles ! Dans l’habitacle, on découvre une fabrication solide et une présentation à l’aune de l’extérieur, raffinée sans trop en faire. Parements en bois discrets, touches de chromes savamment distribuées… Cette ambiance sixties a plus de charme que celle des Mercedes suivantes, très plastique !
Seulement, elle se distingue peu de celle de la berline. Le siège, ferme, se montre plutôt confortable, et malgré le grand volant, la position de conduite est bonne. Le moteur, plutôt musical, présente une souplesse de tous les instants, et garantit d’excellentes reprises à mi-régime, et plus encore quand le kick-down entre en action ! Plus haut dans les tours, il adopte une sonorité agréablement métallique, tandis que la boîte auto à 4 rapports, plutôt vive, le seconde bien.
Consistant, le volant assisté commande un train avant précis, secondé par une poupe bien tenue. La Mercedes affiche une excellente tenue de route, du moins sur le sec, et les freins à quatre disques assurent des décélérations étonnamment actuelles ! Mieux, la suspension absorbe efficacement les aspérités, et le niveau sonore demeure contenu. En clair, voici un coupé sixties aux prestations encore modernes, capable de vous emmener sur de longs voyages sans vous fatiguer. A ceci près qu’il avale ses 14 l/100 km…
L’alternative youngtimer
Mercedes 280/300/320 CE C124 (1987 – 1995)
Sorte de 190 géante, la Mercedes W124 apparaît en 1984 mais attend 1987 pour se décliner en coupé. Vu son élégance saisissante, cela valait le coup d’attendre ! Sous le capot, la 300 CE, c’est son nom, ne reçoit qu’un 3,0 l de 188 ch. Légèrement restylée fin 1988, elle reçoit en 1989 une culasse à 24 soupapes, portant la puissance à 220 ch (300 CE 24), puis une boîte auto à non plus 4 mais 5 rapports en 1990. Une deuxième refonte, légère elle aussi, intervient en 1993, signalée par un capot descendant entre les projecteurs. Sous celui-ci, on trouve un 2,8 l de 193 ainsi qu’un 3,2 l de 220 ch, mais la qualité globale accuse une légère baisse. A partir de 7 000 €.
Mercedes-Benz 250 C (1972), la fiche technique
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