La Méhari 4×4, pour aller au bois pas pour en envoyer

5 years, 5 months ago - 27 May 2019, News d’Anciennes
La Méhari 4×4, pour aller au bois pas pour en envoyer
C’est le centenaire de Citroën, mais j’ai attendu pour en essayer une. D’autres sont à venir, mais pour cette première j’ai fait dans l’original. On ne croise pas tous les jours une Méhari 4×4 et on a encore moins l’occasion d’aller s’amuser avec sans contraintes.

L'histoire de la Méhari 4×4

La Méhari tout le monde connaît. On ne va pas refaire son histoire, mais deux points sont à soulever :

1 : la date de présentation est plutôt mal choisie. Pas grand monde n'entend parler de la voiture lorsque est présentée le 11 Mai... 1968 ! La France a en effet le regard tourné vers Paris et les "événements" d'alors.
2 : ce n'est pas une deuche ! En effet la Méhari repose sur une plate forme de Dyane et son moteur est issu de l'Ami 6. D'ailleurs son nom de baptême c'est la Dyane 6 Méhari.

La Méhari fait son chemin et arrive en 1979 la Méhari 4×4. Le système est plus simple que sur la 2CV Sahara qui faisait appel à un second moteur. Là on garde la base existante.
Cette auto légère est une des rares 4×4 à roues indépendantes et elle peut franchir des cotes jusqu'à 60% ! La boîte 4 dispose d'un réducteur tandis que l'arrière est freiné par des disques. Si le catalogue des options est bien rempli, on la reconnaît avec sa roue de secours sur le capot et des pare-chocs tubulaire qui englobent les feux.

En 1982 elle pourra recevoir des passages de roue élargis et des pneus tout-terrains.
Sa production restera limitée : 1213 autos seulement seront construites jusque Juin 1983. Bien peu comparé aux 143.000 "autres" Méhari produites en Belgique.

Notre Méhari 4×4 du jour

Un extérieur discret

C'est une Méhari 4×4. Si si. Celle-ci fait l'impasse sur ce qui permet normalement de reconnaître ces exemplaires : la roue de secours sur le capot. Sauf que c'est comme les antiobotiques : c'est pas automatique. C'est une option qui permettait de lui donner ce look encore plus baroudeur. La notre est simple. Trop ? À vous de juger.

Ce n'est certainement pas le modèle qu'il vous faut pour aller manger des moules sur le port de Saint Trop', mais ce n'est pas une Méhari que j'ai face à moi, c'est une Méhari 4×4. C'est un utilitaire que j'essaye, pas une voiture de plage ! Il suffit de regarder la plaque récapitulant PTAC et PTRA pour s'en convaincre.

Pour le côté tout-terrain, à défaut de la roue de secours qui alourdit le capot, on se rattrape sur le pare-choc qui serait un pare-buffle si les tubes étaient plus gros. En tout cas ça évitera de mettre un coup de bûche au moment de finir l'affouage.

Niveau habillage ? Ce n'est pas le luxe que cherchait Citroën avec sa Méhari 4×4. Les seuls chromes sont ceux des entourages de phares. Les rétros et les poignées de porte sont simples et ne cherchent pas l'esthétique. En plus de sa couleur, il faut quand même avouer que ce n'est pas une auto qui fera tourner les tête et inspirera les artistes. J'y reviendrais, mais une fois de plus ce n'est pas ce qu'on lui demande.

Un intérieur dépouillé

A l'intérieur qu'est ce qu'on retrouve ? D'abord un grand volant posé à plat ou presque. Ensuite un compte-tours et un tachymètres complétés par un voltmètre et la jauge d'essence. Chose inhabituelle, sur la gauche c'est un compteur d'heures de fonctionnement qui est fixé à la planche de bord. Il ne décompte pas les heures pendant lesquelles le moteur tourne, mais le temps passé avec le système 4×4 enclenché.
La planche de bord est unie avec la carrosserie. On ne parlera pas de la présentation, mais au moins on lavera le tout au jet d'eau ! Le plancher d'origine dévasté a laissé place à une tôle noire qui égaye presque l'atmosphère.

Par contre au centre on retrouve ce qui fait la particularité de la Méhari 4×4 : un levier pour la boîte encadré par celui pour passer en 4 roues motrices et celui qui enclenche le réducteur. Pour compléter, un levier permet de bloquer le différentiel, mais il faut le chercher entre les sièges.

Et puis comme ce fonctionnement doit rester occasionnel, le mode d'emploi est collé directement sur le tableau de bord. A bien lire avant de reprendre la route une fois votre tour de plaine achevé. Imaginez un rond point avec le différentiel bloqué ? Heureusement que vous avez une franchisseuse !

Il y a du monde là dessous !

Une fois le capot posé sur la capote, ça évite de forcer sur le plastique, on se rend compte que ce n'est pas une deuche. La place viendrait presque à manquer sous le capot plastique de la Méhari. On ne va pas (re)présenter le célèbre 2 pattes de notre citron du jour.

Par contre on profite de l'endroit inconfortable choisi pour la garer. Ce n'est pas par hasard que je l'ai posé là. En fait on peut comme ça bien voir ce qui fait sa particularité : le système 4×4. D'ailleurs je remarque au passage, vu que je ne m'étais jamais posé la question, que le freinage est placé en sortie de pont et pas sur la roue.

Et au volant d'une Mehari 4×4 il se passe quoi ?
Installation camionesque
Avant de partir, première étape, on enlève les portes. Le soleil brille et le thermomètre approche des 20 degrés, elles seraient encore plus inutiles que s'il faisait froid...
Je m'installe et je me dis : mais pourquoi s'infliger ça ! La position de conduite de la Méhari n'est pas originale, appelons un chat un chat, elle est mauvaise. Le volant est à plat. Les pédales sont rapprochées mais pour bien appuyer dessus il ne faut pas être trop loin. Du coup les genoux sont bien pliés. Heureusement que je n'ai pas prévu d'aller à Lille avec, j'aurais du chercher un ou deux kinés sur la route.

La Citroën s'ébroue du premier coup et me voilà parti. Ludovic m'a mis en garde pour le maniement du levier de vitesse. Mais ayant couvert quelques milliers de bornes en 4L (Trophy) le maniement ne me perturbe pas. Le fait qu'il soit si bas, un peu plus.

La première accélération est franche, et on se rend vite compte pourquoi : la boîte est courte. Très très courte. Du coup pour accélérer ça va, mais pour aller chercher les 70 km/h alors que ça monte, c'est plus compliqué. Je ne m'attendais pas à la puissance d'une de l'Oldsmobile Cutlass... Mais quand même !Une agglo à traverser plus loin, nous voilà sur une route plus dégagée. Je finis même par atteindre les 80 km/h. Mais soyons honnête : ce n'est pas une voyageuse. À ce rythme elle est bruyante et semble vraiment à la peine. Mais voilà notre terrain de jeu qui s'approche. Clignotant (facile à actionner) et à droite toute !

Tous chemins, je confirme !
Etant un campagnard pur et dur élevé au lait cru sorti du pis de la vache, je fais partie de ceux qui se demandent pourquoi avoir un 4×4 pour rouler en ville... ou sur des routes jamais enneigées.

La Méhari 4×4 est un tout terrain. Alors le chemin sec qui se présente à moi va être l'occasion de le tester. Pas besoin de passer en 4×4, la boite courte en seconde m'emmène bien assez vite pour que ça reste un minimum confortable. Toutes les autos rouleraient aussi bien sur un terrain comme ça. Par contre, je suis presque debout sur les freins pour la ralentir un minimum. Une fois arrivé au gué en bas du chemin... il y a quand même pas mal d'eau. Allez, demi-tour.

En montée, la boîte courte est un régal. La Méhari 4×4 monte et seul un Mercedes Vanos égaré nous fait une frayeur. On a une baroudeuse, pas lui, c'est à moi de grimper sur le bas côté. N'ayant pas franchement confiance dans la force des freins, je met le frein à main pour ne pas redescendre. Au moment de redémarrer, c'est l'appréhension. Ça grimpe bien là. Elle va suivre ? Et bien oui. Sans soucis. En première elle monte la cote sans soucis, sans se soucier non plus des cailloux qui roulent sous les roues et des flaques un peu grasses qu'on croise dans les sous-bois. Bref, c'est là qu'elle est à l'aise notre Citroën. Pas besoin de passer en 4 roues motrices, je ne me suis pas aventuré dans un terrain vraiment piegeux. Un petit essai du réducteur plus tard me montre que j'aurais pu l'utiliser pour repartir si j'avais eu un doute ou que la montée s'était montrée plus raide.

Mais un chemin, c'est comme un tour de circuit, ça a une fin. Et nous revoilà sur la route. Pourquoi n'ai-je pas regardé la carte de plus près ? Je suis sûr que j'aurais pu rentrer à bon port sans reprendre la route... et en m'amusant beaucoup plus. Au moins... il y a des bas-côtés !

Conclusion

On achète une Méhari 4×4 pour ce qu'elle est : une auto prête à vous sortir de la plupart des difficultés sans soucis. Mais des difficulté qui nécessitent une telle auto. C'est une auto qui est un utilitaire et qui doit être utilisée comme ça. Pour aller à la plage sans mettre les roues dans le sable, une Azur sera à la fois plus jolie et toute aussi utile.
Alors ne vous trompez pas ! Pour la ville : le SUV coréen en deux roues motrices et la Méhari 4×4 pour aller dans les bois.

Conduire une Méhari 4×4

On vous l'a dit : 1213 exemplaires ont été construits et il en reste forcément moins que ça ! Le prix s'en ressent : aux alentours de 30.000 € pour un modèle en bon état. Notre Méhari 4×4 du jour est en vente au Relais de l'Auto Ancienne pour 28.000 €.

Avant d'acheter une auto il faudra vérifier les points de rouille. La carrosserie plastique ne tient pas sur du vent et ces parties cachées peuvent se révéler sensibles. Le moteur, comme sur tous les bicylindres Citroën, est à ausculter avant tout achat.
Enfin pour cette version 4×4 attention aux mauvaises surprises. Châssis et transmission sont spécifiques et introuvables !

Avant d'acheter on vérifiera aussi que le type de la carte grise est le bon (AY) et que les éléments spécifiques, 4×4, réducteur et blocage de différentiel fonctionnent bien.
Une fois tout cela validé, vous pourrez prendre la clé des champs !

Un grand merci à Ludo du Relais de l'Auto Ancienne pour le prêt de la Méhari 4×4 et à Jean-François pour m'avoir accompagné.

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