
L’annonce parle peut-être d’une voiture « déjà roulante », avec de « petites finitions à terminer ». Le vendeur, en outre, se veut rassurant : « Oh, pas grand-chose. Quelques détails de tôlerie, un petit trou dans le siège. Mais la voiture fonctionne très bien ! » Des petits détails, en somme, que l’on pense pouvoir résoudre en quelques week-ends ou pour pas grand-chose. En théorie, donc, tout paraît simple et l’affaire est excellente. Mais en pratique, qu’est-ce que cela signifie ?
La première question à poser, c’est de savoir pourquoi le projet n’est pas terminé, surtout s’il ne reste que « quelques broutilles » ! Le vendeur peut avoir des raisons parfaitement valables, comme une maladie, un désintérêt ou un manque de temps et/ou d’argent. Mais la cause peut être bien plus profonde, comme des embûches techniques qui se révèlent finalement nettement plus complexes qu’anticipé. Une raison de plus de bien tout inspecter et de, surtout, se faire accompagner par un professionnel ! Un investissement raisonnable qui peut vous éviter une (très) grosse dépense !
Des « petits » soucis mécaniques ?
Le moteur fume, émet des cognements dans le bas du bloc ou affiche une faible pression d’huile ? Sachez qu’une réfection moteur vous délestera de 5.000 à plus de 20.000 euros tout compris, suivant le modèle. Voire nettement plus pour un modèle exclusif ! Pour une boîte de vitesses, les prix s’échelonnent souvent entre 3.000 et 15.000 euros, selon le modèle. Et puis, il y a bien entendu tous les autres éléments mécaniques : les freins se contentent de ralentir ? Les amortisseurs sont fatigués ? La direction est vague ? Les cadrans ne fonctionnent plus ? Les durites sont dures ? Tout cela peut rapidement rajouter quelques milliers d’euros.
« Une carrosserie un brin fatiguée ? »
« Elle nécessiterait peut-être un voile de peinture, rien de plus… »… Généralement, il faudra plus qu’un petit coup de pistolet ! Comptez 10.000 euros pour une peinture complète et effectuée dans les règles de l’art (comprenant la mise à nu, la préparation de la tôle…), voire le double s’il y a quelques ajustements de tôlerie à effectuer.
Et c’est là que la notion de « projet à finir » peut faire frémir : rares sont les carrossiers qui se réjouissent à l’idée de reprendre un projet non fini. Pourquoi ? Tout simplement parce que le travail peut rapidement être doublé s’il s’avère que le début de restauration a été bâclé et qu’il faut tout reprendre. Le devis de base peut dès lors prendre un sérieux coup dans l’aile ! En effet, entre le démontage des parties « bidouillées » et la restauration complète du reste, la facture s’envole vers de nouveaux cieux ! Voilà pourquoi un nombre croissant de carrosseries respectables travaillent en régie, avec des taux horaires oscillant entre 65 et plus de 100 euros l’heure.
Allez, on termine par un poste souvent sous-estimé : la sellerie. Un petit trou dans le siège ? Ce sera quelques centaines d’euros, s’il ne s’agit pas d’un matériau prestigieux. Tout est à refaire et c’est une Jaguar des années 60 ? Comptez 10.000 euros, voire plus !
Quid des pièces ?
Autre élément à considérer : la voiture est-elle complète ? Dans la négative, et si le modèle est rare et peu approvisionné en pièces détachées, courage, fuyez ! Le vendeur vous promet qu’il a tout ? Magnifique… Mais les pièces sont-elles en état et surtout, mais alors surtout, sont-elles classées ?
Le faire vous-même ?
C’est une vieille rengaine régulièrement entendue lors des manifestations de véhicules anciens : « On va s’y mettre les week-ends, j’ai quelques copains qui s’y connaissent et viendront aider ». Et puis le temps passe, la motivation aussi devant l’ampleur du chantier toujours plus important, l’outillage manque, les finances aussi et les pièces sont dispersées… Le portrait est volontairement caricatural, mais il pourrait finir par une annonce « projet facile à finir ».