Citroën lancera sa 2CV, Renault sa 4CV, toutes deux étudiées pendant dans la guerre. Mais elles ont été devancées par une auto, également conçue pendant la guerre et qui est bien plus moderne : la Panhard Dyna X. On revient sur l’histoire, mouvementée, de cette populaire d’avant-garde !
Gestation Secrète Et Aubaine Pour La Marque
L’Aluminium-Français Grégoire
Bien avant de parler de la Dyna X, sa genèse est toute aussi intéressante. L’auto est donc une de ces voitures développées clandestinement pendant la seconde guerre mondiale. Avant qu’on aborde la partie Panhard, il faut parler de son commanditaire qui n’est alors pas un constructeur automobile : l’Aluminium Français.
La société, qui sera plus connue par la suite en tant que Péchiney veut développer une petite auto qui utilisera massivement ses alliages. Une voiture révolutionnaire ? On va donc faire appel au plus révolutionnaire des ingénieurs, le père de la traction Automobile : Jean-Albert Grégoire.
En 1940 il est missionné l’auto. On travaille d’arrache-pied et dans le plus grand secret et un prototype roulant est prêt en 1943. Des contacts avaient établis avec Simca. Sauf que le constructeur, toujours lié au géant Fiat, n’est pas partant pour lancer la production. Si bien qu’à l’Automne, un prototype de la voiture, l’AFG pour Aluminium-Français-Grégoire se retrouve chez la Doyenne des marques : Panhard. On règle quelques étapes administratives et c’est officiellement la marque qui récupère le prototype et va se charger de le développer pour le mettre sur la route.
Panhard revoit la voiture
Pour la marque, c’est une aubaine. On passe des voitures de luxe à une voiture plus populaire, certainement plus en phase avec le marché automobile d’un après-guerre qu’on devine à peine, le tout avec une conception moderne et déjà aboutie… ou presque.
On va ainsi garder le meilleur : l’aluminium sera bien employé. Par contre le bicylindre à plat sera revu par la marque, tout comme le style. Les premiers prototypes roulent et la mise au point se poursuit.
La Panhard Dyna X
Au Salon de Paris 1946, la Panhard Dyna X est dévoilée. Cette petite 3cv est tout simplement la première voiture de l’après-guerre à être dévoilée. Les 2CV et 4CV attendront encore l’année suivante, les autres constructeurs se contentent alors de « réchauffé ». Surtout, elle permet à la marque de bien se positionner par rapport au Plan Pons qui lui octroie ce qu’il faut de matières premières pour l’outillage et la fabrication elle-même.
Et elle se fait remarquer, notamment techniquement. La Dyna X a pris 110kg par rapport à l’AFG mais elle reste légère avec 560 kg ! Jamais une auto n’avait autant fait appel à l’aluminium. Elle reprend d’ailleurs une des « signatures » de Grégoire avec ce tablier moulé qu’on trouvera aussi sur les Hotchkiss.
Pour le moteur on fait toujours appel au bicylindre. Sauf que Panhard a remplacé les coussinets régulés par des rouleaux. L’efficacité est améliorée, par contre les interventions mécaniques sont plus compliquées et la consommation d’huile est en hausse. Ce moteur de 610 cm³ sort 22ch. C’est la base d’une belle aventure puisqu’il équipera toutes les Panhard jusqu’à l’arrêt de la marque en 1967.
Autre nouveauté, le constructeur est le second en France (en grande série) à proposer une traction (petit rappel par ici).
Enfin la Panhard Dyna X se fait aussi remarquer avec son style peu banal. On a gardé les grands traits de l’AFG avec des ailes séparées et un capot en pointe. Mais Louis Bionnier l’a arrondi et fait plusieurs modifications. D’abord on a abandonné les deux ouvertures rondes dédiées au radiateur pour une calandre qui est à la fois plus conventionnelle tout en restant originale. Autre changement, de taille : on est passé à 4 portes au lieux de deux. Ce style tout en rondeurs se trouvera un surnom : « Louis XV ».
En tout cas la Panhard Dyna X est performante. Niveau tarifs, elle est plus chère que les autres autos… mais qui ne sont pas vraiment des concurrentes au regard de la différence technique qu’elle impose à tout ce qui est fabriqué en France à cette époque !
Les évolutions de la Dyna X
L’industrialisation de la Panhard Dynas X se lance et se fera sur deux sites. Les carrosseries seront fabriquées par les normands de Facel-Metallon et l’assemblage complet se fera quai d’Ivry dans l’usine historique de Panhard. Cette première série, la Dyna X 100 type X84 (pour les 100 km/h que la petite auto se vante d’accrocher) commence à sortir des chaînes en Octobre 1947.
La Panhard Dyna X va avoir son lot d’évolutions tout au long de sa carrière et ça ne tarde pas. Dès Novembre 1948 les phares avant ne sont plus détachés mais profilés et raccordés aux ailes. Un mois plus tard sort, la Dyna K, une fourgonnette de 350 kg de charge utile, pourtant présentée en même temps que la berline classique.
En Septembre 1949, la Dyna X Type 110 X85 est présentée. Si le moteur garde ses 610 cm³, la puissance augmente et passe à 28ch. Esthétiquement on adopte le rond central sur une calandre plus massive mais moins « originale » en changeant de forme. De leur côté, les pare-chocs tubulaires supplémentaires sont supprimés. Le style s’en retrouve amélioré.
La Dyna X Type 120 X86 est aussi au programme. Pour le coup elle monte en gamme et s’attaque frontalement à la Renault 4CV qui truste déjà la place de championne des ventes. Elle reçoit un moteur de 745 cm³ et ses 34ch, ce qui la classe automatiquement dans la catégorie des 4CV. Au passage les flèches directionnelles sont abandonnées au profit de clignotants.
En 1950, on complète la gamme, d’abord vers le haut. Pour ceux qui cherchent plus d’agrément on commence par proposer une Panhard Dyna X découvrable.
En plus de la Berline Découvrable, la Panhard Dyna X est aussi disponible en cabriolet. Cette fois, pas d’arches et pas de portes arrière non plus !
En Octobre de la même année, on fait évoluer la camionnette qui passe de 350 à 500g de charge utile.
Les modèles de l’année 1951 voient des évolutions stylistiques. À l’intérieur, les Panhard Dyna X reçoivent un tableau de bord avec un seul cadran tandis que les coquilles d’aération placées sur capot et les feux arrières changent également.
La Panhard Dyna X propose également une boîte automatique à trois rapports, mais seulement sur la Type 120. En plus la Dyna K sert de base à un nouveau break vitré.
En 1952 la Panhard Dyna X évolue encore et cette fois c’est à la mécanique qu’on s’attaque. Au printemps on lance la Type 130 X87 avec un moteur de 851 cm³ de 38ch qui fera date. Mieux la version sprint propose de passer la cavalerie à 42ch, une aubaine pour ceux qui l’utilisent dans leurs prototypes de course ! Par contre, sur la route, cette cylindrée fait passer l’auto dans la catégorie des 5cv.
Enfin, on poursuit l’expansion de la gamme… en changeant de nom. C’est la présentation du cabriolet Junior dont le style n’a rien à voir avec le Louis XV.
La Panhard Dyna X ne connaîtra pas d’autres nouveautés. Les Types 110 et 120 sont arrêtés en mai 1953. En Octobre 1953 la Type 130 s’arrête également. Les Dyna K resteront, elles, en fabrication jusqu’en Juillet 1954. Au total ce sont 47.049 exemplaires qui auront été produits en 7 ans.
La Dyna X laisse alors sa place à une GROSSE évolution, la Dyna Z qui aura une carrière tumultueuse, et ce n’est rien de le dire !
La Panhard Dyna X Est Aussi Une Voiture De Course !
Oui, vous avez bien lu ! La Panhard Dyna X va également connaître la compétition ! En rallye tout d’abord où elle remportera notamment le scratch du Rallye des 1000 Lacs 1954, quand même, plus des victoires de classe (moins de 750 cm³) au Monte Carlo 1954 (3e au général), à la Coupe des Alpes (1950 et 1952) ou encore au Tour de Sicile. En 1953 une X86 se classera même à la 4e place du Tour de France automobile.
Mieux, la Dyna X sera au départ de trois éditions des 24h du Mans en 1950, 1951 et 1952 où elle est à la lutte avec les Renault 4CV ! La meilleure place finale sera la 12e place de Plantivaux et Chancel en 1952.
La Dyna X De Nos Jours
Les Panhard Dyna X sont des autos de connaisseurs ! Déjà parce qu’il faut s’accommoder de son style. Ensuite parce que l’entretien des moteurs Panhard reste tout de même l’affaire de quelques spécialistes qui ne sont pas si nombreux. Au moins l’emploi massif d’aluminium a écarté le problème rouille !
Pour le prix… c’est compliqué. En fait la Dyna X est une auto rare et chère, vous aurez du mal à trouver de beaux modèles à moins de 8-9000 €. Évidemment les prix augmentent avec la puissance du moteur. Et puis les versions découvrables et cabriolet vont encore chercher plus loin : jusque 20.000 € pour une X87 !
Une voiture moderne, mais de spécialiste, qui ne manquera pas de se faire remarquer lorsque vous la sortirez !