Depuis les années 30, les Skoda ont démontré de bonnes aptitudes hors des sentiers battus grâce à leurs suspensions avant et arrière indépendantes et leurs châssis rigides, malgré le fait qu’elles étaient des propulsions.
La Skoda Octavia, construite à partir de 1959, a également séduit de nombreux clients en Tchécoslovaquie et dans d’autres pays européens grâce à polyvalence, ses nombreuses versions et la robustesse de sa mécanique. Pour des raisons logistiques, fiscales et douanières, elle a été livrée sur de nombreux marchés en tant que kits qui étaient assemblés localement.
Initiative néo-zéléndaise
C’était le cas de la Nouvelle-Zélande, où la firme Motor Industries International était responsable de l'assemblage. Un jour, l’importateur local de Skoda, basé à Otahuhu près d'Auckland, a eu l'idée de développer un véhicule à la fois peu coûteux et pratique et qui conviendrait principalement aux agriculteurs, aux artisans et à d'autres entreprises.
Skoda en a été informé et en 1965, le technicien Josef Velebný a été envoyé de la maison-mère située à Mladá Boleslav à l’autre bout du monde, en Nouvelle-Zélande. Il s'est associé au designer local George Taylor, et les deux hommes ont conçu un véhicule utilitaire polyvalent basé sur la plateforme de l’Octavia Super. Cela a donné naissance au Trekka, un véhicule assemblé à Otahuhu principalement pour les clients locaux. Pour l’anecdote, il s’agit de la première voiture à être développée et fabriquée dans cet état insulaire du Pacifique.
Petite production
L'empattement de l’Octavia Super a été raccourci pour le Trekka, ce qui lui a donné de meilleures aptitudes hors des sentiers battus, même s’il ne disposait que deux roues motrices. En option, un verrouillage du différentiel pour les roues arrière était tout de même disponible. Le modèle de base mesurait 3,55 mètres de long, 1,60 mètre de large et, selon la version à trois portes, jusqu'à 2,04 mètres de haut. Il y avait entre deux et huit sièges à bord, et le Trekka pouvait être équipé un toit en tôle ou d’une capote en toile. Un hard top en plastique renforcé de fibres de verre était également disponible.
La production a commencé en 1966 et le Trekka était vendu au prix attractif de 899 dollars néo-zélandais. Ce SUV avant l’heure a également trouvé des clients aux îles Fidji, en Australie et dans d'autres pays d'Océanie, tandis que la production sous licence a commencé au Pakistan et au Vietnam. Après environ 2.500 exemplaires produits, la carrière du Trekka a pris fin en 1972. Aujourd’hui, ce véhicule est devenu particulièrement rare et il semble que le Skoda Museum de Mlada Bodeslav en possède deux, dont un que nous avons eu la chance d’essayer dans la campagne tchèque.
Dépouillement monacal
Ce qui frappe lorsqu’on est face au Trekka, c’est sa ressemblance avec le Land Rover Series 2/3. Comme le 4X4 britannique, sa look est simple, faire uniquement de lignes droite et d’angles. Le véhicule mis à notre disposition est équipé du toit amovible en fibre, de deux places à l’avant et deux banquettes en vis à vis à l’arrière.
À l’intérieur, nulle garniture ou encore moins d’éléments de confort. Le Trekka est un véhicule utilitaire et il n’a pas été conçu pour se déplacer dans un univers feutré. On trouve tout de même un chauffage, des essuies-glaces, une instrumentation complète et des vitres latérales coulissantes à l’étanchéité toute relative ! Les présentations sont donc vite faites mais on peut toutefois louer à l’espace à bord qui est très généreux.
Moteur disponible
Sous le capot du Trekka, on retrouve donc le moteur de l’Octavia Super, un petit 4 cylindres de 1 221cm3 qui développe 47ch et 87 Nm. Associé à une boîte de vitesses synchronisée à 4 rapports, il peut atteindre une vitesse de pointe très théorique de 110km/h. Capable d’emmener des charges jusqu’à 500 kg, il est assez économique avec une consommation qui était donnée à l’époque de 11l/100 km.
Le plus étonnant est la boîte de vitesses inversée avec le 1er rapport en-haut à droite, le second en bas à droite, le troisième en haut à gauche et enfin le quatrième en bas à gauche. Lorsqu’on s’est fait à la grille et à la conduite à droite (marché néo-zélandais oblige), on se retrouve vite à l’aise au volant du Trekka.
Malgré une puissance très faible, surtout selon les critères des voitures d’aujourd’hui, le Trekka avance joyeusement, aidé par sa masse de 950 à 980 kg selon la version. Son petit 4 cylindres fait ce qu’il peut pour l’entrainer, le tout en se faisant bien entendre à cause de l’absence de toute protection sonore. Le Trekka n’a pas été conçu pour circuler sur des routes goudronnées comme on trouve aujourd’hui dans les campagnes tchèques. Son truc à lui, ce sont les chemins gravillonnés où il est parfaitement à son aise.
Conduite cool
Un tel véhicule est fait pour rouler cool, le coude sur la portière. Dans ces conditions, le Skoda semble être capable de vous emmener partout. Sa tenue de route d’une autre époque, ses mouvements de caisse et ses freins que l’on peut qualifier de « ralentisseurs » sont là pour vous forcer à ne pas rouler trop vite.
Épisode anecdotique au sein de la très riche histoire de Skoda, le Trekka montre comment, avec très peu de moyens financiers, certains personnes ont pu construire des véhicules simples et robustes, répondant à des demandes spécifiques de marchés lointains. Alors que nous ne connaissions même le Trekka avant de l’avoir rencontré, il nous a laissé une très bonne impression malgré sa grande rusticité.



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