Faux papiers, fausses voitures : la gigantesque arnaque des répliques qui secoue le marché

Mais, rapporte Bourgogne Auto Classic, derrière cette passion pour ces autos qui ont marqué de leur empreinte l’histoire automobile et nourri l’imaginaire collectif, se dissimule une dérive massive : ainsi, selon les spécialistes du secteur, entre 70 et 90% des annonces de ce type publiées en France concernent des véhicules dont les papiers sont irréguliers ou frauduleux.

Une dérive massive. Celle qui consiste à revendre des répliques de véhicules mythiques à des passionnés, en leur fournissant notamment de fausses cartes grises. Ainsi, rappelle Bourgogne Auto Classic, en prenant comme exemple une Cobra réplique produite en 2010, cette auto est soumise en France aux mêmes obligations qu’une Peugeot ou une Renault de 2010. Dans la pratique, cela revient à interdire toute homologation – homologation théoriquement possible, mais après de profondes modifications afin de rendre la réplique conforme aux exigences de la réglementation applicable à son millésime réel.

Faux arrêt maladie, faux COC
Qu’à cela ne tienne, cette impossibilité a favorisé la prolifération de faux papiers. Avant 2017, des fraudes massives ont été commises dans les préfectures : corruption de guichetiers, complaisance ou laxisme ont permis de délivrer des cartes grises sans aucun fondement légal. Depuis 2017, les fraudeurs donnent plutôt dans le faux certificat de conformité (COC) afin de gruger l'Agence nationale des titres sécurisés (ANTS). Comme il y a de faux arrêts maladie, il y a aussi de faux COC. Aujourd’hui encore, 70 à 90% des annonces de répliques en ligne sont suspectes, rapporte encore Benjamin Déchelette, le PDG de Bourgogne Auto Classic et lanceur d’alerte sur ce sujet.

Ainsi, sur différentes plateformes de petites annonces, on trouve des “Cobra 1966” proposées à 75 000 €, un prix totalement incohérent avec la valeur réelle d’une authentique (près de 2 millions d'euros). Beaucoup de ces cartes grises usurpent même stupidement la marque Ford : c'est bien la preuve du caractère fantoche de ces documents, puisque Ford n'a évidemment jamais produit une seule cobra dans les années 1960 – le constructeur était à l'époque la société Shelby America Inc., entreprise de Mr Carroll Shelby.

Des conséquences désastreuses
Les conséquences sont désastreuses pour les acheteurs d’une telle auto “falsifiée”, parfois proposée sur un salon de l’auto où des vendeurs peu scrupuleux tentent de revendre leurs véhicules aux papiers frauduleux – les professionnels, par ignorance ou par cupidité, fermant les yeux et exposant ces voitures comme si de rien n’était. Sauf qu’une fois acheté le véhicule contrefait, les conséquences pour l’acquéreur sont réelles : véhicule invendable, absence totale d’assurance en cas d’accident, pertes financières considérables…

Une Porsche 356 au Mans Classic.
Une fraude qui ne concerne pas seulement les Cobra et les GT40. Les Porsche 550 Spyder et 356, rendues mythiques par James Dean, sont elles aussi largement copiées. Beaucoup reposent sur des bases de Coccinelle Volkswagen, avec des cartes grises inadaptées. Les Jaguar type C et D, ou encore certaines Ferrari Daytona, font également l’objet de répliques vendues avec des papiers douteux. Dans tous les cas, la mécanique frauduleuse est la même : créer artificiellement une identité administrative pour des véhicules qui ne devraient pas circuler sur route ouverte. Alors, si vous ne voulez prendre aucun risque et faire homologuer en toute légalité dans notre pays un tel véhicule, n’hésitez pas vous rapprocher de Bourgogne Auto Classic et de Benjamin Déchelette qui, en six ans, a homologué conformes près de 100 exemplaires de Cobra (mais aussi des GT 40) en France, un chiffre remarquable au regard de la difficulté du processus. Un résultat obtenu grâce au formidable travail d’authentification de la FFVE, qui œuvre avec la plus grande rigueur pour la défense des véhicules réellement anciens.