Mais avant elle, il y eu un premier essai de la marque pour un véhicule qui sortait des habitudes : c'est la Volvo Sport P1900.
La Corvette comme inspiratrice
Comme André Citroën qui modernisa ses techniques en visitant Ford, c'est lors d'une visite américaine de Assar Gabrielson que le projet naquit. Sous ses yeux, les chaînes de production de la Chevrolet Corvette. Nous sommes en 1953 et l'américaine innove avec sa carrosserie en fibre de verre. Un atout pour la légèreté, en tout cas un très bon concept qui fera école.
De retour en Suède, il charge ses équipes de travailler sur le projet. Erik Quistgaard, un danois, sera à la manœuvre. L'auto a sa propre structure sur laquelle on installe le moteur 1.4 litres de la PV444. Il est modifié avec un nouvelle arbre à came et il est alimenté par deux carburateurs. Ce n'est pas un foudre de guerre puisqu'il ne sort que 72 ch. Par contre il est léger et combiné à la carrosserie légère, ce sera amplement suffisant.
Pour cette carrosserie le problème est qu'il y a peu de sociétés qui la maîtrisent vraiment dans le monde. Et encore moins en Europe. C'est donc la société Glasspar, basée aux Etats-Unis qui va réaliser les premières carrosseries de l'auto.
Elle est dévoilée dès Juin 1954 à l'aéroport de Torslanda. Ses lignes rompent avec le style robuste et classique de Volvo tout en restant simple. L'énorme calandre prend toute la face avant et les ailes sont presque séparées. On annonce la couleur en ce qui concerne la production de la Volvo Sport P1900. Les 300 exemplaires prévus sont majoritairement destinés à l'export. Le public va lui attendre le salon de Bruxelles 1955 pour découvrir l'auto.
Développement laborieux et lancement précipité
Le chrono tourne donc. Il faut pouvoir livrer les Volvo Sport P1900... qui ne sont pas au point. En effet la carrosserie en fibre de verre est très légère mais elle ne peut pas du tout avoir un rôle dans l'a rigidité de l'auto. Dès que la route se dégrade, elle se met à vibrer. Tous les tests, qu'ils soient nordiques, désertiques, ou sur les routes classiques suédoises mettent en avant ces problèmes.
L'auto est malgré tout lancée en 1956. Les premiers retours confirment les craintes de Volvo. Pourtant, on a réussi à limiter ces soucis. La solution passe par un assemblage à la main de la voiture et un très long ajustage des carrosseries. Le travail est lourd et coûte de l'argent à Volvo. Chaque auto est vendue à perte.
La première année ce sont 44 autos qui sortent des ateliers. Elles sont pour la plupart envoyées aux USA.
L'arrêt du désastre se transforme en coup de com'
La production continue jusqu'au printemps 1957. Gabrielson a été remplacé par Gunnar Engellau. Forcément, le modèle le plus sexy de la gamme l'attire pour une virée au printemps 1957. Il emprunte alors une voiture brute, juste assemblée, pas ajustée. Le résultat est sans appel. L'auto le déçoit tellement qu'il en a peur pour l'image de marque de Volvo.
De retour à l'usine, il demande à ses équipes d'arrêter la production de la Volvo Sport P1900. 24 exemplaires sont sortis cette année là... ce seront les derniers.
Ce revers aurait pû être néfaste pour Volvo. Au lieu de cela, on communique simplement à la presse que la voiture "ne satisfait pas aux standards de qualité de la marque". Plutôt que de rallier le manque de mise au point et les défauts de conception de la Volvo Sport P1900, la presse saluera alors le courage de la marque et son mea culpa. Superbe coup de com' pour la marque.
Un bel héritage
La Volvo Sport P1900 laisse cependant un bel héritage à Volvo. Tout d'abord sa version du 4 cylindres avec sa puissance accrue est bénéfique à la PV444. L'auto en profite pour pénétrer le marché américain.
Mais surtout, Volvo va travailler d'arrache pied sur sa remplaçante. La magnifique Volvo P1800 ne sera pas aussi révolutionnaire techniquement. Mais elle sera robuste et bien dessinée. Elle deviendra un vrai succès.
Enfin, les 68 Volvo Sport P1900 restantes... sont devenues les Volvo les plus rares, les plus recherchées et certainement parmi les plus chères. Plus de 100.000 €, avouez que pour une auto ratée, il y a de quoi sourire ! L'exemplaire que Laurent a surpris à Hambach (lire : Festival des voitures anciennes de Hambach : les anciennes de l'est étaient de sortie) et qui illustre cet article est donc une rareté absolue. Une auto possédée par un Suédois qui vit en Allemagne. Et qui couvre de belles distances avec son auto. Comme quoi !
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