NOTRE TALBOT HORIZON GLS DU JOUR
Voilà notre belle. Oui, celle-ci est particulièrement belle et n’a rien à voir avec celle qui squatte la place de parking de la rue d’à côté. En même temps, c’est normal, son propriétaire est fan du modèle et la préserve au maximum. Après, pour ce qui est de la ligne, dire qu’elle est belle, c’est une question de goût.
Il faut bien dire qu’à la fin des années 70, l’audace stylistique semble avoir disparue de tous les bureaux d’études du monde entier (sauf peut-être en Italie). Et celui de Chrysler Europe, pour Simca ne fait pas mieux. Pour remplacer la 1100, on va moderniser ses lignes tout en gardant une forme à peu près comparable. Oui, on parle de la 1100 parce que la Talbot Horizon… c’est d’abord une Simca. Elle sera d’ailleurs vendue comme telle pendant deux millésimes avant l’apparition de la marque Talbot. Côté forme, on note quand même une sacrée évolution.
Dès l’avant, les phares ne sont plus ronds mais carrés. La large calandre garde quelques éléments chromés, mais c’est surtout l’habillage d’une large surface noire. Le pare-chocs est large, épais et conserve un peu de chrome. Notre auto de 1982 est une des dernières à recevoir ce pare-chocs là, dès Juillet de cette même année, on gardera le métal, mais il passera au noir. Heureusement, on évite le plastique ! Au niveau de la ligne, on peut parler DES lignes, droites, sans courbes, bref, du cubisme de l’époque. Heureusement, le bleu Erevan égaye (un peu) le tout.
Le profil n’a rien de très original non plus. La Talbot Horizon y montre l’étendue… de ses lignes tendues. Tout est droit, de la ligne de caisse creusée dans le flanc au pavillon. L’arrière est différent de celui de la 1100, très différent, puisqu’on zappe le fameux décroché sous la lunette arrière pour une surface totalement plate. Côté ornements et détails, c’est chiche. Un monogramme d’aile indique la cylindrée tandis que des rétros, en plastique noir évidemment, se retrouvent des deux côtés (c’est une option). Pour égayer un peu le tout, on notera tout de même le dessin original des jantes.
Ce noir, c’est un vrai gimmick de la Talbot Horizon. Tout n’est pas en plastique, mais on avouera que niveau gaieté, on a vu mieux. Oui, c’était moderne, mais entre les encadrements de portes, les baguettes latérales et les poignées de portes, ça fait beaucoup. La mode est passée, qui la regrette ?
L’arrière de cette compacte est lui aussi très simple. Les bavettes et monogrammes affichent clairement la couleur, c’est une Talbot. La lunette arrière est immense et les feux arrière, séparés en carrés et rectangles, le sont aussi. Pas vraiment d’originalité de ce côté non plus.
Alors, qu’est ce qui différencie la Talbot Horizon d’une Ford ou d’une Japonaise de l’époque ? Pas grand chose, justement, et c’est un peu le souci. On ne va pas non plus tirer à boulets rouges sur l’équipe de Chrysler Europe qui crée cette voiture puisque le cahier des charges prévoit une voiture mondiale, qui doit donc plaire à tout le monde, et puis si elle ressemble à certaines concurrentes… c’est que celles-ci n’étaient pas plus originales !
À l’intérieur de la Talbot Horizon
La porte s’ouvre et là… allez, un brin d’originalité. Les formes de cet intérieur sont plutôt sympathiques et changent de l’ordinaire.
On commence par la forme du volant avec ses deux branches épaisses vers le bas. On poursuit avec le combiné d’instrumentation. Le compteur de vitesse prend toute la place au milieu et il est cerné par de plus petits compteurs, eux-mêmes bordés par une série de voyants à la verticale. On s’étonne de la disposition puisque la protection est inclinée et la casquette vraiment petite.
Le compte-tours ? Il est bien présent et c’est la partie la plus originale. La partie la plus moderne aussi (pour l’époque) puisque c’est une série de petites lumières qui vous donnera le régime moteur. Si vous ne l’avez pas repéré, il est sur la colonne de direction et il tombe bien sous les yeux.
Pour le reste des commandes, on retrouve des boutons derrière la clé de contact et la ventilation se commande à gauche. Le levier de vitesse est planté dans le plancher, bien haut. La Talbot Horizon rappellera vite qu’elle remplace la 1100. On ajoute trois commodos et les boutons des vitres électriques sont sur les portières.
Pour le reste ? La planche de bord est plate, rectiligne. Bref, ça ne casse pas la barraque, mais ça fait le job en étant plus original que l’extérieur. Les sièges de la Talbot Horizon sont également simples, mais leur sellerie est en parfait état ET ils comprennent des appui-têtes, pas si courants à l’époque.
Sous le capot : mister Poissy
LE moteur Poissy. Comme le Cléon, il tient son nom de la ville où il était produit. Comme le Cléon, il a motorisé de nombreux modèles de différentes marques. Mais le Cléon n’a pas été créé par le père des V12 Matra, lui.
Ce moteur est donc archi-connu. Il est d’ailleurs installé comme dans une Simca 1100 avec une position transversale, inclinée vers l’arrière. Dans notre Talbot Horizon GLS de 1982, c’est le 1442 cm³ qu’on retrouve. Arrondi à 1500 pour les besoins du marketing, c’est une des plus grosses mécaniques disponible sur l’Horizon. On a ainsi trouvé le 1118, le moteur qui a donné son nom à la Simca, le 1294, ce 1442 et le plus gros moteur, celui de la 1510 et de la Solara, réservé à la version haut de gamme Premium, avec 1592 cm³.
Ah, on retrouvait aussi des moteurs XU de chez PSA, pour les versions diesel. Les LS et EX sont d’ailleurs les premières autos du groupe PSA à recevoir le 1905 cm³ en Juillet 82. Pour ceux qui cherchaient du sport, il n’y en avait pas au programme (et la Talbot Sunbeam Lotus ne fait pas partie de la même gamme !).
Pour en revenir à notre « 1500 » il fournit 83 ch à la Talbot Horizon avec un carbu double-corps. Côté transmission, 4 rapports avec LA boîte de Simca, celle avec ses fameuses synchros Porsche à la fragilité renommée ! Pour le reste, on est très classique avec cette auto, traction, freins à disques à l’avant, bref de l’éprouvé et du pas très original… mais comme le reste de l’auto en fait.
AU VOLANT DE LA TALBOT HORIZON
Et c’est parti ! Aucun souci pour s’installer à bord de la populaire française. La ceinture est bouclée et le Poissy démarre. Ah, ce bruit. On retrouve ce son qui ferait rire un Panhardiste quand on parle de machine à coudre. Le Poissy est fiable, la double chaîne de distri, sans tendeur, c’est costaud mais bruyant. En tout cas ça ne vibre pas trop et je peux démarrer normalement.
La Talbot Horizon s’élance pour une petite séance de conduite urbaine. Contrairement à une Alpine A110, par exemple, il n’y a pas de route déconseillée pour conduire notre auto du jour. C’est le propre des populaires, des autos qu’on doit pouvoir conduire partout sans se prendre la tête. Et c’est vrai qu’elle s’en sort plutôt bien de notre ville de 2022.
Les freins ? Ça fonctionne plutôt bien. En faisant une comparaison (de plus) avec la 1100, on ne peut que constater les progrès faits en la matière par Simca, dès la conception du modèle. Les suspensions sont bien pensées et les ralentisseurs, impossible à éviter de nos jours, s’avalent plutôt bien sans casser les vertèbres ni générer de rebond ou de déport particulier. Le confort est plutôt bon. Évidemment on note que la boîte accroche un peu au rétrogradage… histoire de rapprocher encore plus la Talbot Horizon de la Simca 1100.
Les performances sont honorables et elles le sont encore plus sur les départementales environnantes. L’auto monte en vitesse, même si les 83ch ne sont évidemment pas énorme, c’est largement suffisant pour se caler aux 80 réglementaires. Par contre, pour aller au-dessus sur une voie rapide, ça commence à être limite. Pourquoi ? Ce n’est pas une question de puissance, la Talbot Horizon montera aux 110 ou même 130, mais ça mettra du temps. Surtout, le moteur s’entendra encore plus. Déjà qu’il est présent à bas régime, là il devra monter dans les tours puisque la boîte 5 n’était pas au programme… mais elle débarquera sur la GLS au millésime 83, quelques mois plus tard.
Du coup, je vais me contenter du réseau secondaire. Des routes moyennes, parfaites pour notre auto du jour. Impossible de parler de sensations ou de sportivité. Si la Talbot Horizon ne se traîne pas, elle ne va pas assez vite pour que je puisse me risquer à ça. Les relances sont bonnes, l’équilibre aussi. La direction est nickelle et la position de conduite aussi. Pas de fatigue au volant, on peut rouler et encore rouler. Performances mises à part, on ne peut vraiment pas reprocher grand chose à cette auto. Surtout qu’on est 3 à bord et que ça n’aide pas au dynamisme.
Par contre, il arrive un moment où j’ai envie de jouer. Ce ne sera pas à aller vite… mais à pousser un peu les rapports. Pourquoi ? Pour le simple plaisir de voir le compte-tours s’illuminer progressivement. Bon, je ne joue pas si longtemps puisque le Poissy se fait entendre et que ce n’est pas celui d’une Rallye 3.
Alors je continue de rouler, comme si je roulais au quotidien. Et c’est bien ça qu’elle préfère cette Talbot Horizon. Une auto faite pour se déplacer et qui est devenue intéressante par la force de l’âge. Des fois, il n’y a pas besoin d’en demander beaucoup plus !
CONCLUSION :
J’avais testé la Simca 1100 en daily pendant plus d’un an. Et elle était franchement sympa. Mais la Talbot Horizon apporte un peu plus en étant plus moderne, un peu plus performante, plus confortable… mais en perdant en charme.
Finalement, même si c’est une voiture ancienne par son âge, c’est bien son utilisation classique qui fait le charme de cette auto. Elle est capable de rouler partout, hors ZFE évidemment, sans souci et pour un prix plus qu’attractif. Une bonne auto pour se lancer dans la collection tout en étant bien plus originale qu’une R5 par exemple.
CONDUIRE UNE TALBOT HORIZON
Là, on est bien en face d’une voiture populaire. Le prix est très faible : entre 1000 et 2000 € vous trouverez une Talbot Horizon prête à rouler. En l’absence de versions vraiment haut de gamme et sportives, les prix sont donc très proches entre les versions. Seules les Premium et les séries limitées (S, Ultra et Sherlock) peuvent coter plus. Non, avec ce genre de populaire, premières victimes des différentes primes à la casse, la gageure sera de trouver une auto sur le marché !
Une fois trouvée, il faudra vérifier… la corrosion évidemment ! Baie de pare-brise, coupelles d’amortisseur arrière, bas volet, intérieur des ailes avant, voilà autant de nids à rouille qui pourraient transformer votre achat en un cauchemar. Attention aux pièces de l’intérieur. S’il n’est pas complet, vous aurez le plus grand mal à retrouver les pièces manquantes.
Côté mécanique : rien à redire, le Poissy est fiable mais il demande un certain entretien pour le rendre moins bruyant (jeu aux culbuteurs tous les 10.000 km). Le kilométrage d’une Talbot Horizon ne devra pas vous faire peur. Mieux vaut une auto qui a accumulé les bornes et qui a été bien entretenue qu’une auto qui a fait peu de bornes mais qui a de nombreux défauts !