Les collectionnables sont des autos revêtant un intérêt particulier, donc méritant d’être préservées. Pas forcément anciennes, elles existent pourtant en quantité définie, soit parce que le constructeur en a décidé ainsi, soit parce que leur production est arrêtée. Ensuite, elles profitent de particularités qui les rendent spécialement désirables : une motorisation, un châssis, un design, ou un concept. Enfin, elles sont susceptibles de voir leur cote augmenter. Un argument supplémentaire pour les collectionner avant tout le monde !
Solidité, sobriété et même solennité, tels sont les attributs du coupé C123, bien dans la tendance des Mercedes des années 70/80. Pas de spectacle, plutôt de l'élégance de bon ton alliée à une qualité de fabrication qui se veut parfaite. Une époque révolue, rendant ce coupé d'autant plus digne d'être collectionné. De plus, ses prestations dynamiques et son confort demeurent tout à fait adaptés à l'ère actuelle, sans même parler de sa sécurité passive très travaillée. En somme, avec ces Mercedes, on peut rouler en ancienne de façon presque quotidienne, sans ennuis.
Les taxis allemands ont fait grève quand sa production s’est arrêtée. Lancée en 1976, la berline moyenne Mercedes W123 est progressivement entrée dans la légende grâce à sa fiabilité proverbiale, de sorte que les professionnels n’ont pas eu confiance en sa remplaçante. Conséquence, l’image de cette Mercedes reste indéfectiblement attachée à celle d’un taxi, de sorte qu’on a tendance à oublier ses versions chics, les coupés.
Lancé un an après la berline dont il dérive, en 1977, le coupé C123 en conserve les extrémités avant et arrière. Entre les deux, il arbore une nouvelle cellule, au toit abaissé de 4,3 cm et, bien sûr, accessible via deux portes uniquement. Celles-ci se passent d’encadrement de vitre, le montant central brille par son absence, alors que l’empattement se voit réduit de 85 mm. En découle une ligne affinée mais pas spectaculaire, qui présente tout de même l’avantage de préserver un certain volume habitable, même si un panneau taxi ne déparerait pas...
Lors de sa commercialisation en France, le coupé C123, un peu mieux équipé que la berline, bénéficie d’emblée des projecteurs rectangulaires, des boiseries, du siège conducteur réglable en hauteur ou encore de la direction assistée. Les prix ne sont évidemment pas amicaux : le coupé coûte 10 000 F de plus environ que la berline équivalente, déjà chère.
Ainsi, la version de base, la 230 C, avec son 4-cylindres 2,3 l de 109 ch qui la propulse à 170 km/h coûte déjà 69 800 F soit 46 900 € actuels selon l’Insee. L’autre version, la 280 CE, forte d’un 6-en-ligne double arbre à injection (200 km/h) revient à 95 900 F (64 400 € actuels selon l’Insee). Il existe aussi sur commande spéciale une 280 C de 156 ch, que pratiquement personne n’a achetée en France.
Deux boîtes sont proposées, à 4 rapports, une manuelle et une automatique en supplément, alors que la liste d’option est longue comme un jour sans pain : cuir, clim imitation skaï, toit ouvrant, Tempomat (régulateur de vitesse)… Au USA, la C123 est même proposé avec le 5-cylindres diesel de la 300 D, se nommant ainsi 300 CD : unique en son genre ! On ne l’enviera, cela dit, guère car avec ses 77 ch et sa boîte auto, la voiture ne dépasse pas 144 km/h…
Le coupé C123 se vend honorablement, d’autant qu’il bénéficie de toutes les (petites) évolutions de la berline. En avril 1978, la 280 CE passe à 185 ch, en 1979 diverses modifications sont apportées (volant sans stries latérales, plastiques modifiés, appuie-têtes moins imposants), et en 1980, un nouveau 2,3 l de 136 ch équipe la variante de base qui devient 230 CE (180 km/h). Cette année-là, en août, un ABS apparaît en option.
Aux States, on peut dès 1981 s’offrir son coupé équipé d’un mazout suralimenté : la 300 CD Turbo-Diesel, forte de 121 ch, pointe à 165 km/h. C’est le seul coupé au monde doté de ce type de moteur. En Europe, cette année-là, une boîte 5 manuelle fait son apparition, la boîte auto, d'un nouveau type, gagne en réactivité, cependant qu'en janvier 1982, l’airbag arrive en option, allié à des prétensionneurs de ceinture. Déjà ! En septembre, l’équipement s’enrichit encore. Les derniers coupés CE sont vendus en 1985. Au total, il a été produit 99 984, dont 18 675 en 230 C, 29 858 en 230 CE et 31 138 en 280 CE. Mission accomplie.
Combien ça coûte ?
Le coupés C123, moins utilisés que les berlines et tout aussi bien construits ont été davantage préservés, de sorte qu’ils sont relativement abondants sur le marché. Comptez un minimum de 7 000 € pour une 230, C ou CE, en bon état mais à fort kilométrage. En très bon état, ce sera plutôt 8 500 €, alors que les excellents exemplaires aux alentours de 100 000 km sont plutôt à 12 000 €. Les 280 CE sont 2 500 € plus chères. Ces prix peuvent varier en fonction de l’état et de la configuration de la voiture, les options étant très nombreuses.
Quelle version choisir ?
Aucune n’est mauvaise. En termes de rapport prix/prestation, la 230 CE est un bon compromis, mais comment résister au charme du 6-en-ligne équipant la 280 ? Les exemplaires des années 80, judicieusement modifiés, sont un peu plus désirables.
Les versions collector
Toutes, dès qu’elles sont en bel état d’origine. Préférez les coloris originaux et les modèles très optionnés, dotés de tout leur historique.
Que surveiller ?
Les Mercedes C123 sont des autos extrêmement bien construites, tant en berline qu’en coupé. Cela ne signifie pas pour autant qu’elles sont indestructibles. Même si les tôles sont zinguées et les corps creux protégés par de la cire, leur premier ennemi sera la rouille, qui attaque les passages de roue, les bas de caisse et le fond de coffre.
Pour leur part, les moteurs durent très longtemps s’ils ont été bien entretenus, ce qui peut passer par un changement de la chaîne de distribution avant 200 000 km, complété d’un contrôle avant 100 000 km. Le 2,8 l est un peu plus sensible que le 2,3 l du côté de la pompe à huile et du joint de culasse.
Surveillez également l’état des trains roulants, assez complexes (double triangulation à l’avant) et onéreux à remettre en état.
L’habitacle vieillit fort bien mais le tableau de bord peut se fendre sous l’effet du soleil, alors que les ressorts à l’intérieur des sièges finissent par fatiguer. Leur réfection est assez onéreuse.
Presque toutes les pièces se trouvent chez Mercedes, une bonne nouvelle, mais au prix fort…
Sur la route
A bord, c’est l’ambiance typique des Mercedes années 80. Présentation sobre, plastiques épais, grand volant et sièges à l’assise façon trampoline. Pourtant, même si le cerceau ne se règle pas, la position de conduite se révèle très convenable, alors que le large rétroviseur, lui aussi typiquement Mercedes, assure une belle rétrovision.
Le 6-cylindres se montre relativement sonore, mais on ne s’en plaindra pas car il émet une jolie mélodie. En sus, il fait preuve d’une bonne volonté permanente et assure des performances tout à fait intéressantes encore aujourd’hui. Surtout que la boîte 4 automatique, bien étagée, se montre assez rapide à monter les rapports même si elle manque un peu de douceur.
De son côté, le châssis apparaît très sain, même s’il demeure un peu pataud. Les trains sont bien guidés, la direction plutôt précise, et l’amortissement bien jugé, de sorte que même s’il est orienté plutôt confort avec sa suspension souple (mais moins qu'une Jaguar XJ-C), le coupé 280 CE accepte la conduite dynamique. Enfin, on apprécie son freinage puissant pour une auto des années 70. Evidemment, les bonnes performances se paient par une consommation élevée selon les normes actuelles : 13 l/100 km.
L’alternative youngtimer
Mercedes-Benz C124 (1987 – 1996)
En 1987, deux ans après la disparition de la C123 apparaît enfin sa remplaçante, la C124, basée sur la berline W124. Il s’agit donc d’un coupé bien plus moderne, avec son train arrière multibras et sa belle aérodynamique. Il inaugure les grosses protections latérales, qui seront reprises sur la berline, et se signale par sa grande élégance. Initialement, il n’est proposé qu’en 300 CE, doté d’un 3,0 l simple arbre de 188 ch qui l’emmène à 230 km/h. Rapide, confortable, efficace et très bien fabriqué, ce coupé entame une jolie carrière.
Par la suite, une version 230 CE, plus abordable et dotée du 2,3 l 136 ch de la C123 arrive au catalogue, et la C124 ne connaît pas d’évolution majeure jusqu’à la fin 1989. Elle reçoit alors le 3,0 l 24 soupapes du roadster SL R129 (220 ch), moteur remplacé par un 3,2 l de même puissance en 1992. En 1993, le coupé est à nouveau modifié, recevant un nouveau capot, où la calandre plus petite se sépare des projecteurs (redessinés) par deux langues de métal. Les 6-cylindres n’évoluent guère et la C124 poursuivra sa vie jusqu’en 1996. 141 498 exemplaires seront produits : un sacré succès.
Mercedes-Benz 280 CE 1977, la fiche technique
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