Au Volant D’une Aston Martin V8 Volante, Muscle Et Raffinement Cheveux Au Vent

il y a 2 années, 4 mois - 23 Juin 2022, News d’Anciennes
Au Volant D’une Aston Martin V8 Volante, Muscle Et Raffinement Cheveux Au Vent
Ce n’était pas vraiment prévu… mais me voici prêt à essayer une anglaise parfaite en cette saison.

Une auto d’agrément, ancienne dans sa définition, mais pas sur sa carte grise, imposante sur sa fiche technique autant que visuellement. Bref, une auto qu’on ne verrait plus dans une concession ou un salon en 2022. C’est l’Aston Martin V8 Volante, une rareté vraiment à part qui sera bientôt en vente chez Osenat.

De La Virage À La V8 Volante
L’histoire de l’Aston Martin V8 Volante commence en fait en… 1969 ! C’est la sortie de la première Aston Martin V8, qui remplace la DBS, sorte d’hybride entre la DB6 et cette nouvelle auto. En 1989 on renouvelle la V8, en gardant justement le V8 de 5,3 litres mais en introduisant l’Aston Martin Virage. Celle-ci est basée sur le châssis de la « récente » Lagonda et a un style beaucoup plus moderne. Ce coupé ne sera pas remplacé par la DB7 qui débarque avec un 6 cylindres et une base technique neuve. Il sera même restylé en 1997, deviendra le V8 Vantage, et restera en production jusqu’en 2000. À ce moment là on a atteint les 411 exemplaires.

Mais vous l’aurez compris, on parle ici de la version cabriolet. Elle apparaît un après, en 1990 donc et sera disponible, comme la version coupé, avec le V8 en 6,3 litres à partir de 1992. Au moment du restylage en 1997, son empattement grandit de 20 cm et elle devient alors l’Aston Martin V8 Volante. Si 224 exemplaires ont existé de la première mouture, seuls 63 V8 Volante ont été produites. Et c’est l’une d’elles qui nous intéresse.

Notre Aston Martin V8 Volante Du Jour

À notre arrivée à Fontainebleau, c’était une Porsche 944 qui nous attendait. Mais à la vue de cette bête verte stationnée dans l’allée du Grand Garage Napoléon… on a pas mis longtemps à changer d’avis. La bête nous a tapé dans l’œil, et autant le dire tout de suite : elle impressionne.

Les grands cabriolets 2+2 aussi massifs ne sont pas courants, et pas tous allemands. Bentley résiste un peu, mais du côté d’Aston, on a rien sorti d’aussi massif. Certes, les dimensions de l’Aston Martin V8 Volante sont au final assez proches de l’actuelle DB11. Mais il faut bien dire que le côté massif, musculeux et la sensation de gros cube qui transparaît quand on regarde notre verte du jour restent impressionnants. Ce cabriolet mesure 4,745 m de long, 1,856 m de large et 1,4 m de haut.

C’est certainement la face avant qui donne cette impression de force brute, de grosse auto. Tout simplement parce que le capot est plutôt haut. La face avant, bien que travaillée, est grosso-modo verticale. Une lame tout en bas, une bouche béante et rectangulaire, de petits antibrouillards et on se retrouve au pare-chocs qui s’affine artificiellement avec ses clignotants étirés.

Au dessus, la calandre reprend la forme Aston et son traitement gris fait qu’on ne peut pas la rater. Les feux ne sont plus tout à fait rectangulaires mais ont été affinés et arrondis. Un mix entre le rectangle vif des premières versions et le bio-design des 90s. Le capot aussi est lissé et plutôt long.

Le côté massif de l’Aston Martin V8 Volante est renforcé… par le côté justement. On voit clairement la carrosserie remonter vers l’arrière, encore et encore. Le pare-brise très incliné renforce cette impression de fuite.

Une sortie d’air orne l’aile avant, après la roue qui est elle-même plutôt reculée, laissant un beau porte à faux avant. La portière est simple et imposante devance une aile arrière plutôt longue qui comporte un relief rappelant une entrée d’air… sans que l’extrémité ne soit percée ! Le couvre-capote est bien visible. Il ressort clairement de la ligne globale, à une époque où on commençait déjà à mieux les intégrer.

Avec cette ligne de caisse qui remonte, l’arrière est forcément haut. Le coffre sera un supplice pour les plus petits puisque seul le dessus de la malle de l’Aston Martin V8 Volante s’ouvre. En dessous les feux ronds, résolument vintage (et pas Vantage) à la fin des années 90, paraissent énormes… et en fait, ils le sont. Le pare-chocs ne la joue pas petit bras dans l’histoire et seuls des catadioptres viennent y ajouter du relief.

Avec un arrière aussi haut, il reste encore de la place sous ce pare-chocs. Aston a choisi d’y mettre un extracteur d’air, pas encore de diffuseur au programme en 1999, deux sorties d’échappement façon canon de bon calibre, l’antibrouillard et le feu de recul. Voilà pourquoi les deux feux ronds ont été préservés.

Au final on se retrouve avec une auto massive aux lignes assez originales. Elles mixent en effet les traits de la Virage, eux-mêmes plus ou moins hérités de la DBS, avec une douceur très à la mode dans les années 90. Rien à voir avec la DB7 Vantage Volante qui était alors au catalogue, rien à voir, non plus, avec la Vanquish qui débarquera juste après.

À l’intérieur : une Anglaise (ça veut tout dire)

Pas besoin d’ouvrir la porte, juste regarder par-dessus la (haute) portière. L’habitacle de l’Aston Martin V8 Volante propose tout ce qu’on s’attend à retrouver dans une anglaise : du bois, du cuir et encore du cuir. Le tout avec une qualité perçue qui au-dessus de bien des productions contemporaines.

Le cuir beige des sièges, des contre-portes et du bas de tableau de bord est simplement superbe. On ressent l’épaisseur rien qu’au regard. Celui de la casquette du tableau de bord, dont la teinte rappelle la carrosserie est également en parfait état. À l’arrière, c’est également du cuir qui habille tout. Par contre, si c’est logeable pour un adulte, il faudra qu’il ne soit pas trop grand, qu’il soit derrière un passager… pas trop grand ET que la capote soit abaissée.

Pour le reste de l’habillage, le bois est roi. Il habille la planche de bord, la console centrale, on retrouve une plaquette devant le passager et on trouve même un peu de fantaisie avec une marqueterie sur les contre-portes. Dans ce tableau, seul le volant noir fait un peu tâche.

L’instrumentation est complète… et éparpillée. On retrouve évidemment les quatre compteurs principaux, température d’eau, compte-tours, compteur de vitesse et jauge de carburant, derrière le volant avec quelques voyants bien intégrés puisqu’ils restent noirs quand ils sont éteints. La console de bord complète les informations et les dernières commandes s’y trouvent. Évidemment, des commodos d’origine très commune sont de la partie.

Sous le capot : le V8 Marek
Si les 6 cylindres ont écrit une partie de l’histoire glorieuse d’Aston Martin, le V8 étudié par Tadek Marek n’est pas en reste. Le bloc est toujours le même : 5341 cm³ de cylindrée, comme à son apparition en 1969. Oui, ce moteur avait 30 ans quand il fut glissé, au chausse-pied dans notre cabriolet du jour. Si le capot est haut sur notre Aston Martin V8 Volante, il n’en reste pas moins que le moteur est un peu à l’étroit là dessous !

Par contre le moteur est ici présent en version Vantage, la version apparue en 1992 qui vit l’apparition de 32 soupapes. Avec ça, c’est une vraie cure de vitamines qu’il subit. La puissance grimpa à 355ch tandis que le couple passa à 501nm ! Des spécifications « big block » pour un moteur so british. Dans cette Aston Martin V8 Volante, comme dans toutes celles de la série, il est là autant pour l’agrément que pour les performances. Du coup, seule la boîte auto à 4 rapports était disponible.

Pour le reste de la technique, notre cabriolet est une belle bête : plus de 2 tonnes sur la balance. Logiquement, on va faire appel à 4 disques ventilés pour la stopper. Sinon, le reste est plutôt classique… voire carrément old school pour une voiture de 1999.

Au Volant De L’aston Martin V8 Volante
Capote abaissée, il faut bien profiter du soleil, hop, je m’installe à bord. Si l’auto est grosse et l’habitacle large, les éléments qui le constituent sont épais et je me retrouve dans une ambiance cocon. Mais un cocon luxueux, dans lequel je règle le siège grâce à des commandes électriques. Le moteur est rapidement mis en route et j’attrape le levier de vitesse. J’appuie sur le bouton qui le surmonte et ne fais pas confiance aux symboles, d’habitude placés à côté, mais aux voyants qui se trouvent juste devant le levier.

L’Aston Martin V8 Volante s’arrache du sable… j’avoue que j’ai laissé le ralenti le faire par peur de labourer le sol ! L’anglaise évolue à un tout petit rythme et je dois m’extraire de notre spot en faisant attention aux trous et aux pierres. Ce n’est pas si évident puisque la visibilité vers l’avant est bonne… mais qu’on ne voit pas du tout le bout de l’auto. Il faut donc juger à peu près où on met les roues… et ça continue sur la petite route départementale qui suit, dont le revêtement est pire que l’étendue sauvage précédente !

Avec ses gros pneus, l’Aston n’est pas si sensible au revêtement. Et il faut bien dire que, vu qu’on est pas dans une pure sportive, l’amortissement est assez doux pour éviter aux occupants de trop le ressentir. Ajoutez le moelleux des sièges et en fait, la seule préoccupation est de bien gérer le gabarit quand on croise une auto moderne qui rechigne à mettre ses roues de vélo (tout est relatif) dans l’herbe.

S’en suit une petite partie de zone artisanale. Un bon juge de paix là aussi puisque j’y affronte de sacrés ennemis au volant de l’Aston Martin V8 Volante : les ronds-points et les dos d’ânes. Pour les premiers, même si l’amortissement est souple, même si notre péniche pèse plus de deux tonnes avec trois adultes à bord, elle ne se vautre pas dans le grand virage à gauche. La direction remonte peu d’informations, est peut-être trop assistée, mais elle permet de bien se placer. Pour les dos d’ânes, il faut faire attention aux porte à faux plus qu’à la garde au sol. Mais, encore une fois, les occupants ne sont pas maltraités.

Quelques ronds-points casse vitesse plus tard, nous voici sur une route où la vitesse est plus normale. Champs à gauche et à droite, longue ligne droite, on repart de 50. L’occasion d’entendre le V8 qui s’était fait bien discret jusqu’à présent. Mon pied droit attaque la pédale sans qu’une explosion sonore ne se produise. Le moteur anglais garde un flegme tout britannique et pousse fort, dans un gros grondement. Clairement, on est sur un registre bien plus américain qu’italien.

Est-ce que je vais m’en plaindre ? Pas du tout puisque je suis plutôt occupé à surveiller le compteur de vitesse, la route empruntée étant surveillée sur les 12 prochains kilomètres. Et avec un missile comme ça entre les mains, c’est un coup à perdre bien plus que des points !

Encore un rond-point plus tard, je m’engage sur une route légèrement plus petite. Là, je vais pouvoir essayer l’Aston Martin V8 Volante dans de bonnes conditions. Je peux enfin accélérer à fond vu que les lignes droites ne sont pas si longues. Et justement, le pied droit a tendance à les raccourcir encore plus.

Pas de virages réellement serré dans la zone mais de grandes courbes où l’anglaise commence à montrer ses limites. Son gabarit empêche de vraiment jouer à mordre la corde, et le sous virage se fait sentir sans que l’auto ne se vautre totalement. Un petit manque de rigidité ? Peut-être aussi. Surtout, on ressent tout le poids de l’auto, mais le V8 réussit toujours à arracher le lourd cabriolet en sortie de virage après que la boite se soit décidée à, enfin, rétrograder et on retrouve notre cap.

Le moteur n’hurle toujours pas et se contente d’envoyer de grands crochets à chaque fois qu’on le sollicite. La catégorie poids-lourds semble incarnée par ce cabriolet. Un feu rouge plus loin, le départ arrêté est jouissif. L’Aston Martin V8 Volante s’arrache instantanément après que j’ai mis le « pied dedans ». Les pneus Pirelli, pourtant de qualité, émettent un cri plaintif alors que l’anglaise file. Le compte-tours s’affole autant que le compteur de vitesse. Et forcément je dois soulager la pression sur l’accélérateur assez vite, on est pas sur Autobahn…

Une voiture moderne, avec le tiens de la puissance de notre anglaise vient de toute façon freiner notre élan. Son 65 km/h étant un peu… lassant, dès que l’occasion s’y prête, j’envoie un gros coup de savate dans l’accélérateur. La boîte a beau être automatique et pas toujours réactive, là, elle a compris le message et tombe deux rapports. L’Aston Martin V8 Volante détale et monte dans les tours à grande vitesse. Le moteur se fait remarquer en approchant la zone rouge. Tant que je ne relâche pas la pression, la boîte reste sur son rapport et fait tourner l’aiguille du compte-tours. Étonnamment, c’était bien plus violent que le départ arrêté au feu rouge.

Néanmoins, même avec 2 tonnes à tracter, je me retrouve encore une fois confronté aux limitations de vitesse. La pression sur la pédale se relâche, laissant la boîte passer la 4e « pour du beurre ».

Le moteur redevient presque silencieux, se mêlant aux quelques bruits d’air que laissent passer le grand pare-brise et les portières hautes. Le retour se fait dans le calme, avec l’impression d’avoir un cabriolet dont la plage d’utilisation est tellement large qu’on ne voudrait pas en descendre… sauf pour faire le plein.

Conclusion :
L’Aston Martin V8 Volante est une auto qu’on ne peut conduire le coude à la portière, elle est trop haute. Mais elle le mérite car l’agrément qu’elle dégage est indéniable. Pourtant, elle est surtout faite pour les performances. Et là-dessus, on ne trouvera pas grand chose à dire non plus.

L’anglaise était une survivante, une auto « old school » dans l’univers Aston « made in Ford ». Et elle sait encore être old school, alors qu’elle n’est pas si ancienne. Si on ajoute son look à part et sa rareté, on tient une auto vraiment désirable, mais pas à la portée de tous !

Les plus     Les moins

Son physique imposant                   Le poids élevé
Son moteur plein comme un œuf   Le prix du rêve
Un raffinement appréciable             La conso hallucinante
La facilité de prise en main              La visibilité

Conduire Une Aston Martin V8 Volante
Pour le coup on va faire simple et rapide : vous aurez peu d’occasions. L’Aston Martin V8 Volante est très rare, 63 exemplaires construits et, si vous cherchez absolument une conduite à gauche, le chiffre tombe à 25 ! Les prix sont logiquement conséquents.

Celle-ci, dont vous pouvez apprécier l’état au travers de nos photos, sera proposé par Osenat lors de la vente du 18 Juillet, toutes les infos sont là. Le catalogue étant en cours de bouclage, l’estimation n’est pas encore arrêtée, on vous donnera plus d’infos prochainement !

Concernant le guide d’achat, l’auto n’étant pas si ancienne, la corrosion ne sera pas un souci. Par contre, vérifiez l’entretien du moteur et le fonctionnement de l’électronique. Deux choses un peu trop négligées pour des autos qui sont entre l’occasion et la collection. Enfin, et là on vous parle d’expérience, prévoyez un très gros budget carburant si vous avez le pied lourd !

Merci à Augustin, Eliot et Stéphane du département automobile d’Osenat pour nous avoir permis cet essai.

Fiche technique                                          Aston Martin V8 Volante
Années                                                       1992-1999
Mécanique
Architecture                                               8 cylindres en V
Cylindrée                                                    5441 cm³
Alimentation                                               Injection
Soupapes                                                    32
Puissance Max                                            355 ch à 6000 trs/min
Couple Max                                                501 Nm à 4300 trs/min
Boîte de Vitesse                                          Automatique 4 rapports
Transmission                                               Propulsion
Châssis
Poisition Moteur       Longitudinale Avant
Freinage                                                  Disques Ventilés AV et AR
Voies                                                       AV 1510 mm / AR 1550 mm
Empattement                                         2611 mm
Dimensions L x l x h                               4745 x 1856 x 1400 mm
Poids (relevé)                                         2150 kg
Performances
Vmax Mesurée                                       250 km/h (limité)
0 à 100 km/h                                          7,6s
400m d.a                                                15,8s
1000m d.a                                              28,2s
Poids/Puissance                                     6,05 kg/ch
Conso Mixte                                          ± 18 litres / 100km
Conso Sportive                                     ± 26 litres / 100 km
Prix    ± 250.000 €

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