Malgré le succès des 127 et 128, des tractions élues voitures de l’année, Fiat s’en tient à une architecture classique pour la 131, remplaçant la familiale 124. Il s’agit donc d’une propulsion à essieu arrière rigide, une solution qui commence à vieillir quand elle sort en novembre 1974.
Certes, les Ford Taunus, Opel Ascona et autre Morris Marina sont établies selon la même formule, mais en France, les Citroën GS, Peugeot 304 et Renault 12 sont toutes des tractions. Quoi qu’il en soit, la 131 Mirafiori (du nom de l’usine où elle est fabriquée) joue la carte de la durabilité et de la solidité pour séduire, le constructeur annonçant dans la publicité qu’elle est conçue pour durer dix ans, ayant nettement renforcé son traitement anticorrosion.
Commercialement, cela fonctionne, puisque la berline italienne rencontre un bon succès initial. Elle est d’abord proposée avec deux moteurs culbutés, un 1,3 l de 65 ch et un 1,6 l de 75 ch, et deux finitions, normale et Special.
La première, uniquement en 1,3 l, se signale ses projecteurs rectangulaires et son équipement simplifié, même si la montre, les feux de recul ou encore les sièges réglables (à l’époque, ces éléments n’allaient pas de soi !) sont montés en série. La Special ajoute les projecteurs circulaires, ceux du centre étant à longue portée, la sellerie velours complétée d’appuie-têtes, ou encore le compte-tours.
Trois carrosseries sont proposées : 2 portes, 4 portes et break. Les prix, très bien placés, s’échelonnent de 18 745 F (13 700 € actuels selon l’Insee) en 1300 de base à 24 105 F en break 1600 Special (17 600 € actuels selon l’Insee).
Rapidement, si elle est bien jugée par la presse à sa sortie, la 131 se voit concurrencée par des rivales plus modernes, comme le duo Simca 1307/1308 dès 1975. Fiat la fait donc évoluer dès 1977. Des retouches sont apportées aux Mirafiori (grands projecteurs rectangulaires notamment) ont les finitions adoptent de nouvelles dénominations (Luxe et Confort Luxe) tandis qu’une gamme supérieure Supermirafiori est lancée.
Restylée (, parechocs synthétiques, feux arrière horizontaux, jantes plus grandes, nouvel habitacle), elle arbore – enfin – des blocs à double arbre à cames en tête. Ainsi, le 1,3 l passe à 78 ch et le 1,6 l à 98 ch, alors que la boîte 5 est montée d’office. Hélas, celle-ci, trop longue, si elle abaisse le niveau sonore, handicape sérieusement les reprises.
En compensation, une nouvelle variante Racing apparaît aussi en 1977, une 2-portes à décoration sportive dite Racing. Sous le capot, elle accueille un 2,0 l de 115 ch qui l’emmène à près de 180 km/h. Cela dit, il s’agit plus d’une GT autoroutière que d’une vraie sportive comme peut l’être une Opel Kadett GT/E.
Par ailleurs, en 1978, la 131 se dote de versions diesels, l’une en 2,0 l de 60 ch, l’autre en 2,4 l de 72 ch. Ces blocs, dénommées Sofim, ont été développés avec Renault qui les utilisera dans ses utilitaires puis dans la Safrane. Fait intéressant, le 2,0 l a exactement les mêmes cotes que le bloc Française des Mécaniques équipant la R20 TS.
Fiat ayant prévu un plan produit dynamique (sans oublier un beau soutien en rallye, où la 131 remporte trois fois le championnat du monde, en 1977, 1978 et 1980), une nouvelle série d’améliorations intervient en 1981. Le 1,3 l passe à 1,4 l (70 ch en Mirafiori, 78 ch en Supermirafiori), le 1,6 l à 85 ch en Mirafiori, tandis que dans la gamme supérieure, il est remplacé par le 2,0 l 113 ch de la Racing, celle-ci passant à la trappe.
D’autres retouches cosmétiques apparaissent, telles que des protections latérales épaissies, des feux arrière amincis sur les Supermirafiori qui bénéficient par ailleurs de nouvelles jantes. Fin 1983 sort la Regata, une berline tricorps dérivant de la Ritmo. Elle remplace progressivement la 131, qui disparaît en 1984, non sans avoir reçu le nouveau logo à 5 barres obliques de Fiat.
Combien ça coûte ?
Le problème sera d’abord de trouver une 131 à la vente. Une Mirafiori en bel état réclamera 4 000 € en bel état, quel que soit son moteur, contre 5 000 € à une Supermirafiori. Celle-ci, en 2,0 l, peut grimper jusqu’à 6 000 €. Quant à la Racing, pas plus performante que la berline 2,0 l, elle réclame déjà 15 000 €.
Quelle version choisir ?
Pas encore trop chère mais très bien motorisée, la Supermirafiori 2,0 l représente le meilleur compromis.
Les versions collector
Toute 131 en parfait état d’origine est un pur collector tellement c’est difficile à trouver, mais la Racing est la plus recherchée. Plus rare encore, il y a la 131 Volumex à compresseur (135 ch), sortie en 1983, mais elle est quasi-impossible à dénicher. Si l’on excepte l’exceptionnelle Abarth de course (400 unités)...
Que surveiller ?
Malgré ce que dit la publicité, la 131 est extrêmement sensible à la rouille, qui attaque partout. Elle commence par la carrosserie avant de ronger les soubassements (bas de caisse, planchers) puis, en dernier lieu, la structure. En clair, la Fiat rouille en toute honnêteté (contrairement à une Mercedes ou une BMW) mais parfois avec une allégresse coupable. Pourquoi ? Parce que suite aux interminables conflits sociaux secouant l’Italie en général et Fiat en particulier, les 131 étaient souvent fabriquées sans tenir compte des recommandations des ingénieurs, et évitaient les bains anticorrosion… Dommage, car pour le reste, il s’agit d’une auto robuste et sans ennui particulier, si l’entretien a été bien fait. Elle s’inspectera donc de façon classique. Attention, si la maintenance se révèle aisée, les pièces spécifiques (habitacle, sellerie, parechocs) sont très difficiles à trouver.
Au volant
J’ai pu prendre le volant d’une très rare 131 1300 de base, fabriquée en 1975. A bord, on est agréablement surpris par l’espace disponible, l’ambiance totalement seventies, le tableau succinct mais au dessin plaisant et la finition de bonne facture. Si la direction demeure très ferme en manœuvre, elle se révèle plutôt agréable et précise dès qu’on roule, tandis que la boîte est un plaisir à manier. Le moteur ? Souple et docile, il ne manque pas de bonne volonté mais se révèle trop petit pour emmener dignement cette berline frôlant les 1 000 kg.
Aussi, même si la transmission apparaît bien étagée, les performances sont-elles très justes, même si à fond, la Fiat flirte avec les 150 km/h. Ce faisant, elle profite d’une tenue de route saine et équilibrée. On ne louera pas sa vivacité dynamique, mais elle demeure sans mauvaise surprise, d’autant qu’assez ferme, la suspension limite le roulis. Le confort n’a rien de celui d’une française de l’époque, mais les aspérités sont correctement filtrées et les sièges plutôt bien étudiés. En somme, une auto très homogène, agréable pour se promener dans une ambiance vintage, pas trop gourmande (7,5 l/100 km) mais manquant un peu de peps. Pour ça, on cherchera plutôt les 1600.
L’alternative youngtimer
Fiat Regata (1983 – 1990)
Remplaçant la 131, la Regata dérive de la Ritmo. Elle arbore une carrosserie 3 volumes plus élégante et surtout contenant un coffre immense. Elle existe aussi en break Week-end, dont le bouclier arrière se rabat pour abaisser le seuil de chargement. Disponible initialement en 1,3 l (70), 1,5 l (85S) et 1,6 (100S), elle accueille rapidement deux diesels, un 1,7 l de 58 ch et un 1,9 l de 65 ch. Début 1986, la Regata est restylée dans le style de la Croma. Le 1,6 l gagne une injection (100 Sie) tandis qu’une très performante turbo-diesel (80 ch) rejoint la gamme. La Regata quitte la commercialisation en 1990, après le lancement de la Tempra.
Fiat 131 Mirafiori 1300 (1975), la fiche technique
Moteur : 4 cylindres en ligne, 1 297 cm3
Alimentation : carburateur double corps
Suspension : jambes McPherson, ressorts hélicoïdaux, barre antiroulis (AV) ; essieu rigide, tirants de poussée, ressorts hélicoïdaux, barre antiroulis (AR)
Transmission : boîte 4 ou 5 manuelle, propulsion
Puissance : 65 ch à 5 400 tr/min
Couple : 102 Nm à 3 000 tr/min
Poids : 965 kg
Vitesse maxi : 150 km/h (donnée constructeur)
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