Le Jeep Wagoneer, l’ancêtre de tous les SUV, dès 25 000 €

2 months, 1 week atrás - 9 Outubro 2024, caradisiac
Le Jeep Wagoneer, l’ancêtre de tous les SUV, dès 25 000 €
Révélé en 1962, le Jeep Wagoneer est le premier véhicule familial de série spécialement conçu pour un usage mixte route/piste, donc conceptuellement le premier SUV, même si cette appellation non-officielle n’existait alors pas.

Les collectionnables sont des autos revêtant un intérêt particulier, donc méritant d’être préservées. Pas forcément anciennes, elles existent pourtant en quantité définie, soit parce que le constructeur en a décidé ainsi, soit parce que leur production est arrêtée. Ensuite, elles profitent de particularités qui les rendent spécialement désirables : une motorisation, un châssis, un design, ou un concept. Enfin, elles sont susceptibles de voir leur cote augmenter. Un argument supplémentaire pour les collectionner avant tout le monde !

Que ne lit-on comme âneries au sujet des SUV ! Pourtant, ces véhicules assez difficiles à classer puisqu'ils n'obéissent à aucune définition légale peuvent avoir comme ancêtre irréfutable le Jeep Wagoneer. Révélé en 1962, celui-ci revêt donc un intérêt historique rare, en plus de bénéficier de tout le charme des autos des années 60. Très rare sous nos contrées, il demeure tout à fait utilisable voire agréable à conduire, tout en profitant d'une polyvalence proverbiale. Un engin décalé et sympa, à acheter de suite car sa cote monte !

Si Willys n’a pas inventé le véhicule à quatre roues motrices, la marque américaine a été la première à en produire une en grande série : la fameuse Jeep. Très rapidement après la fin de la Seconde Guerre Mondiale, le constructeur réfléchit à une variante plus ou moins civilisée, qu’il commercialise dès 1946. Dénommée Station Wagon, elle se signale par sa suspension avant à roues indépendantes, mais reste jusqu’en 1949 une simple propulsion. Ensuite, elle deviendra un 4x4.

Les bases sont jetées pour un véhicule à quatre roues motrices qui ne soit pas un pur utilitaire. Jeep compte bien perfectionner le concept, qui aboutit en 1962 sous la forme du Wagoneer SJ. Voici une sorte de break surélevé, au look moderne et doté d’un habitacle aussi confortable que celui d’une berline de tourisme.

Un concept alors inédit, complété par une transmission à quatre roues motrices enclenchables. Certains me rétorqueront que  Renault avait bien sorti la Colorale en 1950, qui dispose d’une version 4x4 dénommée Prairie, mais il ne s’agit en gros que d’un utilitaire « 1000 KG » doté d’une carrosserie façon break. Autant dire qu’elle est très rustique, au contraire de l’américain.

Le Jeep Wagoneer se targue aussi d’un niveau technologique enviable. Outre un 6-en-ligne à arbre à cames en tête (un 3,8 l Tornado de 140 ch), il dispose de roues avant motrices (pas en permanence certes) associée à une suspension indépendante. Une première, même s’il n’y a pas de cardans mais des bras oscillants. Autre innovation, le Wagoneer concilie quatre roues motrices et boîte automatique, alors que les ponts se dotent de différentiels à verrouillage. Les versions manuelles ont même droit à un réducteur : des caractéristiques de vrai tout-terrain.

Accueillant dans un confort certain six passagers, joliment présenté et équipé, doté d’un coffre immense complété d’une banquette rabattable, le très polyvalent Wagoneer pointe à 145 km/h, comme une berline moyenne de l’époque et se montre capable de crapahuter hors goudron. On n’avait jamais vu ça. Willys avait compris les envies de loisirs des Américains, et leur a conçu le véhicule adapté.

En conséquence, les bons de commande affluent, et une liste d’attente se forme. Renommé Kaiser Jeep en 1963, le constructeur va faire évoluer en permanence le Wagoneer. On ne va pas toutes les lister ici, mais disons que le mouvement général est celui d’une montée en gamme constante

Ainsi, une clim est proposée (en option) dès 1963, suivie de nouveaux équipements de sécurité fin 1964. En avril 1965, un moteur V8 dit « Vigilante », un 5,4 l de 250 ch, fourni par AMC et allié à une boîte auto GM Turbo-Hydramatic, se glisse dans le Wagoneer qui voit ses performances sérieusement croître. Surtout, pour le millésime 1966, le Jeep se décline en une variante luxueuse Super Wagoneer, signalée par un museau redessiné arborant une calandre horizontale.

Elle s’accompagne d’un V8 porté à 270 ch et d’une dotation très riche : direction et freins assistés, clim, radio, volant réglable, lunette arrière rétractable électriquement sont de série. Oui, le 4x4 routier américain allie performances et luxe bien avant le Range Rover ! Le Wagoneer sera de temps à autre importé en France. Par exemple, en 1967, il coûte chez nous 24 500 F en 1967, soit 36 000 € actuels selon l’Insee. Cela paraît peu mais équivaut à plus de deux  Citroën DS21 Pallas ! En conséquence, il se vendra très peu en France…

Etrangement, en 1969, le Wagoneer perd sa suspension avant indépendante, proposée en option. Source d’ennuis, elle reste peu prisée. En même temps, la version Super Wagoneer disparaît et le V8 AMC est remplacé par un Buick Dauntless. Temporairement. En effet, en 1970, AMC rachète Kaiser Jeep et réinstalle son V8 dans le Wagoneer, cette fois un 5,9 l. Une évolution bien significative intervient en 1973, très certainement provoquée par l’apparition du Range Rover : la transmission se complète (en option) du dispositif Quadra-Trac, comportant enfin un différentiel central.

En clair, ainsi gréé, le Wagoneer devient un 4x4 permanent, comme le Range. En 1974, il bénéficie de nouveaux vitrages, agrandis tout en recevant des freins avant à disques... En 1976, sa plateforme se renforce, alors qu’en 1978, une version luxueuse revient, dénommée Limited. Elle inclut le Quadra-Trac, la sellerie cuir à réglages électrique et le régulateur de vitesse, notamment. Un V8 6,6 l est également disponible.

En 1979, la face avant change : les projecteurs deviennent rectangulaires, la calandre se fait protubérante, les parechocs sont désormais monoblocs. De 1981 à 1983, la gamme diminue, et cette année-là, pour économiser du carburant, la transmission redevient enclenchable, recevant un nouveau dispositif très simple à l’usage, le Selec-Trac. En 1984, le Cherokee XJ est présenté, et en conséquence, le Wagoneer ne subsiste plus qu’en haut de gamme.

Rebaptisé Grand Wagoneer pour l’occasion, il adopte de nouveaux feux arrière verticaux. Début 1987, Chrysler rachète AMC, ce qui profite à la qualité de fabrication du Grand Wagoneer, qui va il va perdurer jusqu’en janvier 1992. Près de 30 ans de production sans changer de plateforme, c’est presque un record aux USA !

Combien ça coûte ?

Le premier point sera de trouver un bel exemplaire en France ou dans un pays limitrophe. En V8, comptez 25 000 € pour un Wagoneer en très bon état, alors qu’un Grand Wagoneer pourra réclamer 10 000 € de plus. Inutile de lorgner du côté des USA, là-bas, le Jeep est devenu une icône donc coûte plus cher que chez nous : on en voit déjà passer les 100 000 $.

Quelle version choisir ?

Préférez les V8 bien équipés, en raison de leur agrément de conduite supérieur. Des freins à disques constituent également un plus. Les Grand Wagoneer sont plus plaisants mais aussi plus chers…

Les versions collector

Toutes, dès qu’elles sont en bel état, ce qui est rare. Les premiers exemplaires sont particulièrement recherchés par les passionnés, tout comme la série limitée Final Edition de 1991.

Que surveiller ?

Âgé de 33 ans au minimum, le Wagoneer/Grand Wagoneer mérite avant tout d’être bien examiné côté corrosion. Celle-ci peut très sournoisement attaquer le châssis, qui peut être à reprendre entièrement alors qu’il présente bien initialement. D’ailleurs, il est déconseillé d’acheter ce Jeep à distance. La carrosserie rouille très bien, merci, mais c’est moins grave car elle n’est pas porteuse. A surveiller également, le carburateur quatre corps des V8, ainsi que la commande pneumatique du Quadra Trac. Heureusement, les moteurs et transmissions se révèlent robustes, vu leur époque de fabrication, si l’entretien a été suivi.

Vu le nombre de variantes, optez en priorité pour un exemplaire complet et totalement fonctionnel, car retrouver les éléments d’accastillage et les accessoires d’origine pourra se révéler aussi cher que fastidieux. Par exemple, la vitre de coffre descendante est une jolie source d’ennuis. Heureusement, outre-Atlantique, on trouve une belle variété de pièces détachées.

Sur la route

J’ai pu tester un Grand Wagoneer de 1988 en parfait état. Il en impose bien plus que son gabarit réel ne le laisserait supposer (il ne dépasse pas 4,73 m de long). A l’intérieur, c’est à l’américaine, avec des coloris étranges, un assemblage de douteux, des matériaux bas de gamme et un charme assez inattendu. La bonne position de conduite l’est tout autant (le volant se règle en inclinaison) alors que le siège, souple, assure un bon confort à défaut de maintien latéral.

Très silencieux, le gros V8 5,9 l vaut plus pour son couple que sa puissance modeste. En clair, il est ultrasouple, garantit de bonnes reprises mais refuse les régimes. D’ailleurs, il produit ses 144 ch à 3 200 tr/min, moins haut qu’un diesel ! Le Jeep ne s’en déplace par moins vivement, même si sa douce boîte 3 absorbe une partie de la modeste cavalerie. Le comportement ? Bien meilleur qu’on le l’imagine.

En fait, la suspension relativement ferme contient bien les mouvements de caisse, de sorte que le Grand Cherokee se montre plutôt rassurant et sain. Il tient très correctement la route, même sur le mouillé, n’ayant vraiment rien d’un bateau ivre, et profite d’un freinage convenable. En somme, voici un engin très décalé mais à sa place sur les routes françaises, silencieux et confortable, mais voilà, il est vorace : comptez 17 l/100 km en roulant tranquillement. Heureusement, le grand coffre se prête parfaitement à une adaptation au GPL.

Si le premier Cherokee, lancé en 1973, n’est qu’un Wagoneer 2 portes doté d’un look un peu plus dynamique, le second, révélé en 1983, n’a rien à voir. En effet, bien plus compact, il est aussi autrement plus moderne, bénéficiant d’une structure monocoque. Toujours 4x4, il conserve deux essieux rigides, ce qui ne l’empêche pas de rencontrer un grand succès : la concurrence est moins bien lotie !

S’il débarque en France doté du 2,1 l turbo-diesel Douvrin, il renforce son offre en 1988 avec la version Limited. Forte d’un 6-en-ligne 4,0 l de 177 ch, celle-ci étonne par ses performances (près de 180 km/h en pointe), et son équipement très riche : sellerie cuir à réglages électriques, clim… En 1994, cette variante disparaît, pour revenir en 1997, à l’occasion du restylage (boucliers, intérieur revu et doté de deux airbags). Il repart pour de bon en 2001. A partir de 15 000 € en très bon état.

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