Cette Delahaye date de la grande époque de la haute couture automobile

il y a 4 mois, 1 semaine - 11 Août 2024, gocar
Cette Delahaye date de la grande époque de la haute couture automobile
Avec sa carrosserie « Goutte d’eau », cette Delahaye 135 M de 1938 est sans doute l’une des plus belles voitures jamais construite au XXe siècle.

Avant la seconde guerre mondiale, la France comptait plusieurs constructeurs haut de gamme qui écoulaient leurs voitures dans le monde entier. Parmi ceux-ci, on peut citer Bugatti, Delage et Delahaye. A l’époque, il était de bon ton d’acheter un châssis nu, puis de se tourner vers un carrossier pour le faire habiller. Comme dans le domaine de la confection, certains artisans étaient renommés pour leurs créations haute couture, souvent uniques, qui étaient un moyen pour les riches propriétaires de ces véhicules de se faire remarquer. Parmi ceux-ci, la carrosserie Figoni & Falaschi figurait en bonne place.

Fondée en 1935 par deux immigrés italien du nom de Giuseppe Figoni & Ovidio Falaschi à Boulogne sur Seine, cette société s’est vite fait un nom au niveau international en concevant de A à Z des carrosseries élégantes et sportives pour les voitures les plus en vogue à ce moment. Par rapport à la concurrence composée de grands noms comme Chapron, Saoutchik, Pourtout, Franay ou encore Letourneur et Marchand, Figoni & Falaschi se distinguait par son style tout à fait particulier qualifié de « Goutte d’eau ».

Œuvre d’art
En effet, les ailes particulièrement enveloppantes donnaient une impression de mouvement, une grâce et une fluidité incomparables. Les passages de roues avant et arrière étaient souvent remplis avec des jupes d’ailes, les pare-brise étaient très inclinés vers l’arrière et les poignées de portières étaient placées à ras de la carrosserie, comme dans de nombreuses voitures aujourd’hui.

Ce design « Streamline » était vraiment incroyable et il ne faut pas oublier que tout se faisait sans aide d’ordinateurs, de la conception des plans à la réalisation par des tôliers-formeurs qui partaient de simples feuilles de métal pour créer ces galbes fabuleux. Le tout reposait sur une carcasse en frêne. A l’époque, Figoni & Falaschi s’est également fait remarquer par ses ingénieux systèmes de toits escamotables bien plus complexes qu’une simple capote de toile et plus élégants car invisibles.

Savoir-faire étonnant
Selon certains spécialistes, la réalisation d’une carrosserie complète nécessitait plus de 2.000 heures de travail aux artisans de la firme française. Dans les années 30 déjà, ceux-ci utilisaient des peintures nitrocellulosiques qui donnaient des teintes brillantes et métalliques, utilisant jusqu’à 2 ou 3 couleurs afin de faire honneur aux lignes complexes des dessins de Figoni & Falaschi.

Bien avant le marketing moderne, les dirigeants de la carrosserie avaient bien compris l’importance de faire figurer leurs réalisations dans les meilleurs concours d’élégance et de conclure des partenariats avec des couturiers afin de souligner l’excellence de leur savoir-faire. Malheureusement, après la seconde guerre mondiale, les marques de luxe françaises ont toutes connues des difficultés et Figoni & Falaschi a arrêté ses activités de carrossier en 1955 avant de devenir…concessionnaire Lancia.

Sauvée de la casse
L’une des plus belles réalisations de la firme, basée sur un châssis de Delahaye 135 M de 1938 va être proposée aux enchères par Gooding lors de son événement organisé à Pebble Beach. Cette voiture qui va faire pleuvoir les millions de dollars a une histoire très intéressante. Commandée neuve par l’importateur algérien de la marque, elle est l’une des 11 voitures à disposer de cette magnifique carrosserie de torpédo roadster, dont il ne subsiste que 5 exemplaires aujourd’hui. Retrouvé dans les montagnes algériennes au début des années 90 par un amateur français, le châssis 49169 était en mauvais état mais sa magnifique carrosserie était complète et n’avait pas encore été découpée par le ferrailleur chez qui elle se trouvait !

Elle est ensuite revenue en France où elle a fait l’objet d’une restauration qui l’a presque entièrement dénaturée, et d’une seconde remise en état qui lui a rendu ses panneaux de carrosserie d’origine. Acquise par la suite par un collectionneur suisse, elle a été repeinte en noir, une couleur qui sublime ses nombreuses courbes, agrémentée d’un pinstriping rouge du plus effet.

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