En bon amateur de Béhème, le premier c’était les 50 ans des couscoussières de chez Motorsport, et le second les 40 ans d’un modèle particulièrement cher à mes yeux : la série trois, génération BMW e30.
JOYEUX ANNIVERSAIRE !
C’est un fait, les premières e30 sont sorties des usines d’assemblage en 1982. Ce qui signifie que cette génération souffle ses 40 bougies en 2022. En conséquence, je ne vais pas vous faire un historique, mais je vais quand même commencer par les usages en souhaitant un joyeux anniversaire à ma série 3 favorite.
Ça, c’est fait, maintenant il va peut-être falloir trouver un moyen de fêter ça dignement. Une BMW M3 ? Ouais c’est sûr que c’est cool, mais la bête est complexe à trouver mine de rien, et finalement, si c’est la plus emblématique, ce n’est pas la plus représentative de cette génération qui fut un vrai laboratoire à idées pour le constructeur (oui il y a même eu 8 modèles électriques étudiés).
Et puis la M3 e30 c’est autant une vitrine, qu’une planète à part. Une BMW 325i coach ? Mouais bof c’est cool mais un peu bateau non ? BMW 323i ? J’adorerais, mais seulement en 150ch avec la boite inversée et l’autobloc qui vont bien. BMW 320is, 333i ? Vous rêvez les gars, c’est limite plus facile de choper une Aston martin V8 Volante (puiqu’on l’a fait), et puis comme cette chère M3, c’est un monde à part. Vous commencez à vous en douter, l’affaire ne va pas être si simple.
C’est là qu’intervient Yan ! Le genre de gars au top, toujours enthousiaste pour sortir ses jouets, pourvu qu’il y ait de la passion dans l’air, que l’ambiance soit cool, que la vue le soit tout autant, et qu’il y ait de la Despé dans le coffre.
Yan c’est aussi un fondu de série 3 e30. Son petit rêve : avoir toutes les carrosseries de la gamme. Aucuns doutes, il est encore plus raide dingue que moi du modèle, et dieu sait que j’en tiens une couche. Bref Yan, ça va bientôt faire 10 ans que je le connais par l’intermédiaire des réseaux sociaux. C’est aussi l’un des premiers à avoir suivi mes travaux photographiques à la grande époque des groupes Facebook. Vous savez ceux qui arrachaient un peu la rétine et que je ne me vois pas partager dans notre rédaction.
C’était aussi un des premiers à avoir apprécié mon délire automobile. Celui qui consistait à remplir le réservoir de ma rougne pour me barrer le plus loin possible à 160 chrono avant de revenir au point de départ l’air de rien, l’esprit empli de paysages et d’anecdotes à partager sur les réseaux.
Sauf que les réseaux sociaux c’est bien, mais se voir c’est mieux. L’occasion s’est concrétisée une première fois dans le Jura lors du Rassemblement National e30 passion de 2015. Ce jour-là j’étais parti sur un coup de tête pour passer une journée d’anthologie dans un cortège animé par plus de 50 e30 en furies. Comme d’hab quoi. Un an plus tard c’est Yan qui montait nous voir dans l’Yonne lors du même rassemblement annuel. Là encore, sur un coup de tête. Un bon élève je vous dis !
D’ailleurs, je me souviens encore de sa photo prise à la première personne sur l’autoroute par une belle soirée de printemps. Bon sang qu’il m’avait fait envie ! Je me souviens aussi de la sciatique qui m’avait empêché de conduire, me condamnant au siège passager d’une abjecte C1 1,4 HDI. Mais BMW ou pas, ce qui comptait c’était de se voir et de se siroter une Despé. Bon je ne vous cache pas non plus que j’adorais aussi voir son cab d’un autre temps.
Ce dernier, c’était son bébé, et aussi le reflet d’une époque révolue. Cette époque où on se foutait du Matching Number, de l’origine. Cette époque ou les caisses étaient accessoirisées à notre goût et ou on jetait à la poubelle des M20 complets parce que c’était trop mou et que rien ne valait un bon gros M30B35 voir un S50 sous le capot de nos belles. Faut dire qu’un cab noir motorisé comme il se devait, claqué au sol avec un Mtech 2 et des grosses jantes ça envoyait.
Puis le temps est passé, la ferveur qui animait le milieu s’est étiolée, chacun a pris de la distance, les rassemblements se sont fait plus rares. À cela, il a fallu rajouter deux années perdues, d’autres plus compliquées pour finalement passer 6 ans sans que nos chemins ne se croisent. Bref, cela faisait un long moment que l’on devait se voir pour accomplir de nouveau notre rituel. Par chance il semblerait qu’en 2022 nous ayons pu aligner les planètes. C’était pas trop tôt !
Mais revenons-en à nos moutons parce que même si on va le sortir tout à l’heure, Yan n’a pas qu’un cab dans son cheptel d’e30. Il a aussi une 318is qui rêve d’un passage en peinture, mais surtout une 325ix Touring superbement optionnée. Intéressant non ? Pour vous peut être pas, pour moi si, car cette caisse, elle est originale, et c’est aussi le parfait reflet du laboratoire d’évolutions qu’a été la génération e30.
Premier vrai break BMW, première quatre roues motrices, une auto suffisamment rare pour être l’objet de cet article, mais pas sur un pied piédestal par rapport au reste de la gamme. Cette fois, plus de doutes, je tiens le parfait prétexte pour fêter dignement cet anniversaire et surtout passer un superbe moment entre retrouvailles et nostalgie. Alors en bagnole direction la région Lyonnaise pour un essai un peu particulier !
EXTÉRIEUR : SAC À DOS PERTURBATEUR
Après le rachat de Glas et des débuts très artisanaux entre la fin des années 60 et le début des années 70, c’est en 1987 que BMW se décide enfin à ressortir le patronyme Touring dans sa gamme, alors que la carrossier du même nom a disparu 20 ans plus tôt ! L’idée était simple, proposer un véhicule à la fois compact et utilitaire se basant sur son best-seller : la série 3.
Enfin dans les faits c’est un petit peu plus compliqué que ça. Les origines des e30 Touring sont relativement obscures entre 1984-1986. D’un côté on a un employé (Max Reisböck) ayant consacré ses heures perdues avant d’être reconnu par sa hiérarchie, et de l’autre la petite entreprise Néerlandaise Luchjenbroers ayant produit 4 exemplaires. Alors on ne va pas trop rentrer dans le débat car d’une il semblerait que la maison mère ait reconnu la genèse du concept aux Néerlandais et de deux, j’ai un modèle à vous décrire.
De prime abord, il n’y a pas de quoi être perturbé par notre 325ix Touring du jour. Après tout, la base reste celle d’une e30 berline avec les mêmes dimensions (4,33 x 1,66 x 1,40m) et les mêmes atouts stylistiques.
De face, on retrouve cette gueule aussi légendaire que désuète à la fin des années 80. Quatre petits feux ronds équipés de balais (optionnels) noyés dans de larges grilles noires façon muscle car, des haricots d’une taille insuffisante pour le marché Chinois, et tous les attributs communs aux BMW E30 Phase 2. Au menu gros antibrouillards, pare choc en plastique, et la petite lame sportive optionnelle. Perso, même si je vois cette gueule tous les jours depuis près de 13 ans, je ne m’en lasse pas. L’ensemble est simple, classe, grave conservateur, mais surtout méchamment canon !
Une fois de profil, la différence se fait percevoir. Globalement on retrouve un latéral typique de chez BMW, long capot, porte à faux avant court, arrière plus généreux, et flanc judicieusement tranché par deux lignes courant de bout en bout.
Dans notre cas, l’ensemble est sublimé par la présence des élégantes jantes d’origine Alpina (en 16 pouce) et modernisé par les entourages de vitrages shadowline (noirs et non chromés). Petite nouveauté, le BMW 325ix e30 Touring arbore des bas de caisses spécifiques histoire de donner un peu plus de muscle à la partie basse de la belle tout en favorisant la naissance de corrosion. Cela permet aussi de mieux intégrer les élargisseurs d’ailes servant à camoufler le train avant plus « fat » (+13mm de voies).
Cela dit, pour notre 325ix Touring, le plus gros changement esthétique ne se situe pas sur la hauteur de caisse revue à la hausse (2cm), mais se retrouve sur la partie arrière.
Pour le coup les designers ne se sont pas cassé le tronc en dessinant cette extension de l’habitacle installée en lieu et place de la malle traditionnelle. L’effet berline dotée d’un sac à dos est clairement immanquable et quelque peu perturbant. De prime abord cet ensemble parait un peu grossier et vient déséquilibrer la ligne générale de cette série 3 si fine de naissance. C’est un peu comme cette véranda neuve posée sur une façade XIXeme. Au début ça dérange, on se demande quel mal a pris l’auteur de cette aberration, puis on finit par s’y habituer et apprécier la nouvelle perspective offerte.
Tant est si bien, qu’à terme j’y trouve de l’élégance et du dynamisme à cette poupe. Ces derniers probablement octroyés par la fuite du toit, l’angle des montants arrière, et la présence subtile d’un petit becquet au-dessus de la lunette.
Honnêtement, à y regarder de plus près, c’est quand même sacrément plus gracieux qu’une Volvo 240, ou encore qu’une BX, ou une 405 break ? Enfin pour ma part, il n’y a pas photo, et à mon gout la version Touring de la série 3 e30 est probablement ma seconde carrosserie favorite du modèle… après le coach.
Habitacle : Toujours le sens de l’accueil
En ouvrant la porte conducteur, je me retrouve face à l’habitacle typique d’une e30. C’est sobre, élégant, et totalement vintage… Pour une fois je ne pourrais même pas me plaindre de la tristesse des lieux, car c’est une sellerie sport en cuir beige qui m’accueil. Forcément, associée aux différents éléments noirs (mobilier, ciel de toit) de l’intérieur, ça fait tout de suite plus envie qu’une geôle en tissu pied-de-poule.
À cela il faut aussi compter avec une dotation plutôt généreuse sur notre modèle : régulateur de vitesse, climatisation, sièges chauffants, vitres électriques, toit ouvrant, gros ordinateur de bord (13 touches), système Hifi business avec twitter et j’en passe. À cela on ajoute encore quelques équipements Alpina tels que le volant trois branches, l’ordinateur intégré dans les grilles de ventilation et le pommeau de vitesse. Bref, autant dire que notre 325ix Touring a le sens de l’accueil.
Sens de l’accueil qui se confirme une fois installé sur le siège conducteur. Pour une fois les quatre places sont tout à fait accessibles et utilisables par des humains. Attention cependant aux places arrière un peu justes vu que BMW avait préféré utiliser le volume disponible pour le 6 cylindres et le conducteur… Le plaisir de conduire avant tout ! Bref, si vous mesurez plus d’un mètre quatre-vingt, vous ne serez probablement pas totalement à l’aise à l’arrière de notre break.
En parlant de la banquette, pour la première fois celle-ci offre la possibilité d’être rabattue en mode 50-50, et évidement on retrouve le classique filet servant à séparer l’espace de chargement du reste de l’habitacle. En parlant du coffre, celui-ci propose un volume de 370 litres. C’est un peu en deçà des 400 litres proposés par une Volvo 240 mais toujours suffisant loger de nombreux sacs poubelles ensanglantés.
Coté ergonomie, et bien on ne pourra pas reprocher grand-chose à notre allemande. La mythique console orientée vers le conducteur facilite grandement les manipulations, tout comme les larges boutons qui ornent cette dernière. On est bien positionnés et tout tombe là où on l’attend. L’instrumentation demeure bien foutue, à la fois synthétique et lisible. En définitive l’habitacle de notre 325ix Touring, est une réelle invitation à prendre la route. L’équipement est complet, les finitions de bonnes factures, et l’ensemble est totalement fonctionnel pour un usage quotidien. Bref c’est que du bon avec en prime le visuel et l’ambiance typique des BMW d’autrefois. Tellement années 80 !
Sous le capot : Six cylindres et chausse pied
Placé en position longitudinale sous le capot de notre 325ix Touring, on retrouve le fameux six cylindres M20B25. Le même que nous avions déjà côtoyé au début d’année au volant d’une certaine Z1.
Il s’agit d’un bloc de 2494cm³ produit à partir de 1985. Ce dernier n’a rien de nouveau étant donné qu’il s’agit d’un dérivé du M20B27 ETA/super ETA des 325e/es dont la course a été réduite de 81mm à 75mm. Pour chapoter l’ensemble, on retrouve une culasse optimisée en alliage léger de douze soupapes équipée d’un simple arbre came. Associée à une injection Bosch ME-Motronic cette mécanique développe la bagatelle de 171 chevaux à 5800trs/min pour un couple de 226 nm à 4000trs/min.
Pour l’époque c’était honorable et combiné à une boite 5 rapports ce moulin promettait des performances de bon aloi pour une quatre roues motrices d’un peu plus de 1300kg. De bon aloi certes, mais tellement éloignées de l’image qu’on s’en fait, car dans notre cas le 0-100km/h serait abattu en 8,5s pour une pointe à 209km/h.
En fait la vraie prouesse sur notre 325ix Touring e30 du jour, ce n’est pas son moulin mais bien le fait qu’elle embarque un système à quatre roues motrices. À l’époque cette technologie n’avait absolument rien de banal et posait de véritables problématiques d’intégration aux entrailles d’une petite berline. Pour ce faire, les ingénieurs ont opté pour un système à trois différentiels (deux ponts et une boite de transfert) et un arbre de renvoi vers l’avant. Le tout avec pour objectif de garder un feeling typé « propulsion ».
Dans cette optique, le différentiel central (arrière aussi) est équipé d’un système autobloquant viscostatique permettant une répartition du couple de 37% sur l’avant et 63% vers l’arrière
Coté châssis, c’est le train avant qui a été le plus impacté par le passage en transmission intégrale. Ce dernier se retrouve monté sur une traverse spécifique en aluminium. Évidement pour accueillir les cardans ce dernier est élargi de 13mm et les triangles inferieurs sont déportés et dotés d’un système anti-plongée. Pour finir, les ancrages de suspensions sont aussi revus afin d’offrir plus de pincement. Toujours dans le but de chasser le sous virage.
Pour l’essieu arrière, retour à des caractéristiques plus traditionnelles avec un système de triangles obliques associés à une barre stabilisatrice. Afin terminer, et pour stopper la bête, notre 325ix Touring se voit dotée d’un système à quatre disques (ventilés de 260mm à l’avant, plein de 258mm à l’arrière) pincés par des étriers flottants. L’ensemble est évidements épaulés par un système d’abs en série. Voilà qui promet un comportement rassurant et abouti qu’on va s’empresser d’aller vérifier.
LA 325IX TOURING SUR LA ROUTE : TOUTE EN MATURITÉ ?
Pour cet essai, je ne vais clairement pas être dépaysé. Faut dire que cela va bientôt faire 13 ans que je côtoie cet habitacle et ce modèle. Alors forcément je retrouve mes repères et ma position de conduite assez rapidement. Pour les novices en matière de e30 pas de panique, l’ergonomie de cette série 3 est irréprochable. Ouais pas tout à fait, le volant tombe royalement mais ne se règle pas, et si vous êtes un peu court sur pattes, il est possible que vous ne puissiez pas avancer le siège suffisamment. Bref, va falloir conduire avec des semelles compensées.
Sinon pour le reste c’est du bon boulot, et les sièges sports de notre modèle offrent tout le maintien et le confort nécessaire à une caisse se voulant polyvalente. Vous êtes prêts ? Alors on peut partir en balade.
Contact, première, et je m’élance flatté par le ronron feutré du M20B25. Sur ces premiers kilomètres j’y vais doucement, faut dire que la réputation de cette mécanique délurée m’intimide, et ne m’invite pas à jouer les kékés. En fait non, c’est juste que je laisse chauffer la bouilloire avant d’aller taper de la zone rouge enivré par les fumées diverses s’émanant d’une BMW conduite comme il se doit.
Cela dit, alors que je traverse le centre-ville de Bourgoin-Jallieu au rythme d’un bon père de famille déposant sa progéniture à l’école, je constate que notre M20B25 manque un peu de coffre en bas. Alors ce n’est pas catastrophique car en bon six cylindres il reste onctueux et souple à souhait, mais j’ai connu des Saab plus énergiques dans les régimes de la bienséance.
En revanche, ce reproche est peut-être bien le plus gros que je pourrais faire à notre 325ix Touring du jour. Car pour ce qui est du reste, BMW a placé la barre très haute. Tellement haute, qu’on n’a pas forcément l’impression de circuler dans une auto conçue il y a plus de 40 ans. L’agrément du six cylindres permet une conduite coulée en toute circonstance, et l’ajout de deux roues motrices apporte énormément de sérénité au châssis de notre Touring, sans trop grever son feeling et son équilibre.
Alors, oui, la direction est plus ferme que sur la propulsion, un poil moins directe, et toujours trop démultipliée. Certes, l’écart sur la balance se ressent légèrement. Mais globalement il en ressort une auto extrêmement simple et saine à l’usage. En somme la 325ix Touring me sert un excellent café pour ce qui est de me trimballer aux limitations, et fait preuve d’une réelle vocation familiale.
La direction procure un touché de route agréable, la boite de vitesse l’est tout autant à manipuler, et l’amortissement offre un bon compromis entre fermeté et souplesse. Pour ce qui est des freins, ces derniers semblent à la hauteur lorsqu’il est question de trimballer le golden retriever. Côté musique, l’insonorisation et l’échappement trahissent un peu l’âge de la 325ix Touring.
Cela dit, on est bien loin d’une ambiance Nascar a bord. En effet, l’ensemble ne laisse filtrer que le strict nécessaire pour se rappeler la présence du six en ligne 2,5 litres sous le capot. Bref, le trentenaire que je suis devenu apprécie grandement la maturité de cette 325ix Touring. Sauf que je me rends compte que je suis en train de vous décrire une auto bien peu palpitante, à des kilomètres de l’image sulfureuse qui planait sur ces modèles il y a quelques décennies de cela.
La 325ix Touring à rythme soutenu : Sur des rails
Une BMW bien élevée c’est cool, mais ce soir, il y a de l’orage dans l’air. Et, pour mon plus grand plaisir, Yan a décidé de sortir en bande. D’ailleurs, au volant de son cab d’un autre âge il ne se fait pas prier pour me larguer. Le vrombissement éloquent du M30B35 et la vue des MHW s’éloignant vers l’horizon me semble être de bons signaux pour attaquer une session de conduite rendant hommage de la grande époque.
Un temps où les BMW se menaient comme des caisses volées, l’appui marqué, compte tour planté dans le rouge, sacrifiant l’économie d’énergie sur l’autel de la musique, et des paysages filant à toute allure le regard perdu dans l’horizon d’un soleil couchant. Bref, l’autel du plaisir automobile. J’ai bien pigé, ce soir, Yan veut qu’on joue comme des gamins sur ces quelques kilomètres de S fraichement revêtus. Alors double débrayage, 5, 4, 3, 2, c’est parti.
Primo, le pédalier des e30 se prête parfaitement à l’exercice délicat du talon pointe, secundo, c’est clairement à partir de 4000 tours minutes que le M20B25 décide de bouger sa graisse. Enfin, notre 325ix Touring décide de décoller dignement et enfin, les 12 soupapes chantent l’hymne du 6 en ligne. Le 2.5 reste sur une note de soprano, la voix demeure, suave, avec un éclaircissement très métallique typique des 6 en ligne bavarois à l’approche de la zone rouge.
C’est plutôt discret mais suffisamment éloquent pour satisfaire les oreilles mélomanes et donner envie de tabasser la pédale de droite. Le tachymètre ? Franchement est ce qu’on a besoin de regarder ? Non, alors j’en reprend une louche en 3eme, puis en 4eme, parce ce soir, c’est soirée d‘anniversaire et qu’il y a un B35 lancé comme un brigand à tenir !
Au passage, j’en profite pour apprécier la poussée de notre baby six. En trois mots : Elastique, linéaire et efficace. Clairement le M20B25 ne verse pas dans le grand spectacle, son crédo c’est l’agrément et l’efficacité. Certes il n’impressionnera ni vos cervicales, ni le décolleté de votre passagère, mais il pourra vous faire perdre votre permis plus rapidement que vous ne l’auriez cru. En revanche c’est certain, il ne débordera pas le châssis de notre 325ix Touring. J’avoue aussi qu’il n’est pas non plus aidé par l’étagement de la boite.
À mon sens c’est du Picasso, c’est déstructuré, et… original. Cela dit, contrairement à l’artiste il y a peu de chances que cette dernière soit exposée dans les galeries Guggenheim de Bilbao. Pour le coup une boite sport, ou un étagement plus équilibré façon 320i aurait été très appréciable. C’est dommage car le maniement et les verrouillages aussi précis que ferme sont un réel plaisir. L’autre chose qui aurait été appréciable, c’est une bonne louche de chevaux et de newton-mètre en plus.
À côté de ça, le comportement, purée c’est du bon ! Le châssis de base sur e30, est plutôt fun mais un peu daté. Ici, l’ajout de deux roues motrices fait entrer la petite béhème dans un autre univers carrément plus moderne et efficace. La 325ix Touring, c’est un train imperturbable. Alors, oui, elle sous-vire un poil plus en entrée de courbe, oui, elle est plus lourde, et, oui, le feeling du train avant est moins incisif.
Mais à côté de ça la 325ix Touring demeure précise à souhait, offre une stabilité sans failles et une direction plus ferme et agréable à mon gout. En fait ce break me rappellerait presque une certaine 205 T16 dans son comportement, mais avec la progressivité et la stabilité d’un empattement plus long. Ça pardonne beaucoup, ça enroule et ça passe carrément fort. Tant est si bien que dans les enchainements Yan et son cab commencent à sérieusement se faire talonner par notre 325ix Touring lourdement déficitaire en équidés. Faut aussi avouer que j’ai une 318is qui me met la pression et ce serait dommage que mon noble six cylindres se fasse passer devant.
Comme beaucoup, j’avais un petit a priori sur les 325ix Touring. Je craignais que les quatre roues motrices tuent le fun qui fait la force de cette génération, qu’avec cette technologie, notre béhème attrape de sales tocs typiques d’une certaine marque aux anneaux. Mais en fait pas du tout. L’équilibre des masses, et la répartition du couple de ce sac à dos sont excellents. De même, les mouvements de caisse et le feeling global témoignent d’une belle maitrise dans la conception.
Finalement je ne boude pas mon plaisir à cravacher comme un imbécile dans ce cortège de passionnés lancés à 6000trs/min. C’est même pour moi un grand moment de passion partagée. Le temps, les bandes blanches filent, les pifs-pafs et les appuis s’enchaînent sous le regard menaçant d’un coucher de soleil orageux, puis arriva ce qui devait arriver. Ce soir, on s’était promis qu’il y aurait de la fumée et de la senteur cramée. Je crois bien qu’on y est. Yan est touché en premier puis peu après c’est à mon tour.
Ahhh les freins… Décidément, on ne refera pas la marque à l’hélice, et bien que corrects pour se trainer à 80, il ne leur aura pas fallu très longtemps pour agiter le drapeau de la fumée blanche une fois le rythme plus typé 80’. Cette fois, c’est clair, faut qu’on s’arrête avant de les perdre définitivement. Ce sera l’occasion de prendre quelques photos de groupe au pied d’un bon vieux bâtiment abandonné tout en débriefant sur cet essai énervé à la saveur particulière.
CONCLUSION : LA MEILLEURE DES E30 ?
Est-ce que la 325ix Touring est la meilleure des e30 ? Probablement pas. Cependant cette machine singulière, rassurante, et particulièrement plaisante à mener se hisse sans problèmes dans le sommet de la hiérarchie e30. C’est en somme la compagne de route idéale. Adaptée à chaque instant, elle fait preuve d’une belle maturité, mais aussi d’un comportement irréprochable et réellement impressionnant. Contrairement à ce qu’on pourrait croire, les deux roues motrices supplémentaires transcendent le comportement de cette série 3 sur route sans la rendre barbante.
Finalement j’en vient presque à regretter l’absence d’une mécanique plus velue, d’une boite bien étagée, d’une direction moins démultipliée, et de freins adaptés. Un cocktail qui aurait pu être incroyable ! Mais il faudra se contenter d’une excellente bagnole. Bref chapeau à BMW pour la démonstration technique, et cette première des plus réussies.
ROULER EN 325IX TOURING :
La 325ix Touring n’est pas une licorne mais presque. Avec seulement 5273 exemplaires produits c’est une des e30 les plus rare. En fait c’est même moins courant qu’une M3, ou qu’une Ferrari Testarossa. Tout ça pour dire qu’avant d’en trouver une, il va falloir creuser un peu et ne pas hésiter à sortir de l’hexagone. Il ne faudra pas non plus rechigner à sortir le porte-monnaie. D’ailleurs, le marché actuel fluctue tellement qu’il est assez difficile de fixer un ordre de prix. Cependant on peut estimer une fourchette allant de 15000€ à peut-être un peu plus de 22000€ pour un beau modèle bien optionné. Cette fois c’est certain l’époque des e30 à 1500 balles et bien révolue…
Pour ce qui est des points à surveiller lors de l’achat, je vous renvoie volontiers vers l’essai d’une certaine 318is. En bonne e30 la 325ix Touring est soumis aux mêmes maux… Il faudra cependant vérifier le facturier attenant au moteur. Les M20 sont à courroie de distribution et celle-ci doit être faite tous les 4 ans ou 90 000km. Autre point à surveiller, les fuites d’huile qu’on retrouve régulièrement au niveau du couvre culasse du carter d’huile et du joint spi d’arbre à came.
Attention aussi aux bruits de fonctionnement du moulin et à sa régularité. Alors pas de panique, un M20 ça cliquète toujours mais il ne faut pas non plus que cela vire à l’orchestre bavarois. D’autant que les culbuteurs sont connus pour ne pas être d’une grande résistance. Evidement la transmission doit être opérante et ne pas emmètre de bruits inquiétants. Pour le reste c’est comme acheter n’importe quelle voiture.
En dehors de ça les e30 sont des voitures bien construites, robustes et aisées à entretenir. Les vidanges moteur doivent être réalisées tous les ans ou 10000km. Tous les deux ans il faudra penser aux filtres à air et à essence, ainsi qu’aux bougies, au liquide de frein et au réglage du jeux aux soupapes (0,25mm). Tous les 30000km ce sont les ponts qu’il faut vidanger. Attention sur 325ix Touring, il y en a 3 avec plusieurs recommandations d’huile (ATF pour la boite de transfert, 80W90 pour le reste).
À la même échéance il faudra aussi vidanger la boite (70W80). Dernier point concernant les 325ix Touring : gare aux pièces spécifiques qui sont nombreuses, rares, et couteuses (transmission, trains, éléments moteurs etc…). Il faudra aussi faire attention à la monte pneumatique car certaines ont eu la bonne idée de se parer de TRX… Dernier point, la consommation, et bien tablez sur 10-11L/100km si vous avez le pied léger.
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